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Aïd el-Fitr: Le Professeur Gormez se désole de l’incapacité des pays musulmans à s’unir derrière

AA – Ankara

Le président de la Direction turque des Affaires religieuses (Diyanet), le Professeur Mehmet Gormez , a expliqué que le fait que la gestion du Hajj, (pèlerinage des musulmans à la Mecque), soit assumée par un seul pays « ne signifie pas que ce pays les règles d’Allah sont modifiées ».

Le Professeur Gormez a commenté au micro de l’Agence Anadolu (AA), les raisons qui font que les pays du monde musulman sont, chaque année, divisés sur le calendrier du mois de Ramadan et en conséquence sur la date de la fête de fin du Ramadan, l’Aïd el-Fitr.

Pour ce mois de Ramadan 2016, certains pays ont célébré l’Aïd mardi, alors que d’autres l’ont célébré mercredi.

Gormez a d’abord expliqué que plusieurs grands congrès réunissant des savants musulmans du monde entier ont déjà été organisés dans le passé, dont deux fois à Istanbul.

« Tous les participants ont exprimé la nécessité d’un calendrier commun unique qui permettra à tous les musulmans du monde de vivre en même temps cette fête sacrée », a-t-il dit.

Mais pour cela, il faut se mettre d’accord sur certains principes d’élaboration de ce calendrier, a-t-il expliqué.

« Il faut d’abord abandonner l’idée que la nouvelle lune, prévenant l’arrivée du nouveau mois, doit être observée à l’œil nu. Il faut laisser la science de l’astronomie nous éclairer grâce à ses calculs. Il faut observer les lois placées par Dieu dans sa création. Ensuite, il faut accepter le  » ihtilaf-i metaliye  », c’est-à-dire que l’observation de la nouvelle lune depuis n’importe quel point de la planète, doit être acceptée par tous les musulmans du monde entier », a-t-il expliqué.

Selon lui, sans accord sur ces deux principes, il n’est pas envisageable que les musulmans célèbrent le Ramadan et l’Aïd en même temps.

Gormez a ajouté que lors du dernier grand congrès des savants musulmans de mai dernier à Istanbul, tous les participants avaient accepté ce principe, avant de constater que les engagements n’ont pas été respectés.

« La Cour saoudienne spécialisée sur les sujets islamiques a rejeté ces principes et a donc été à la base de ce nouveau désaccord. Il considère que les calculs astronomiques ne peuvent pas être un critère qui correspond à la loi d’Allah. Le début du mois du ramadan avait été observé dans l’Océan Indien, donc nous avons tous commencé le ramadan ensemble. Mais la nouvelle lune a été observée en Amérique Latine. Et ceci n’a pas été suffisant pour beaucoup de pays qui ont donc décidé de poursuivre un jour de plus le jeûne », a-t-il poursuivi.

D’après Gormez, il n’est pas logique que le monde musulman, qui appartient à cette civilisation qui a ouvert le chemin à la science, n’accepte pas de se fier aux calculs astronomiques.

« Dans un de ses versets, Allah dit ceci dans le Coran : J’ai créé le soleil et la lune et j’y ai inséré des calculs. Dans un autre, il dit : Ils t’interrogent sur la lune, dis-leur que la lune est la mesure qui permet de définir le temps pour tous les humains. Nous devons prendre ces mesures en considération », a-t-il dit.

« Dans le monde d’aujourd’hui, la science permet de voyager dans l’espace, d’y créer des stations spatiales, d’envoyer des satellites… Nous ne pouvons pas nous permettre d’ignorer tout cela. Cela nuit à notre image par rapport au reste du monde », a-t-il encore dit.

D’après Gormez, cette situation entre les musulmans est due à une mauvaise interprétation des textes religieux.

« Ce n’est pas qu’une question d’incompréhension entre les savants musulmans. Il s’agit aussi de ne pas comprendre les lois et les règles placées par Allah dans l’univers, dans le soleil et la lune, et de ne pas réussir à faire le lien avec les versets du Coran », a-t-il estimé, regrettant même que cette question soit instrumentalisée pour des oppositions politiques.

Pour répondre aux inquiétudes des musulmans qui, à cause de ces désaccords, jeûnent un jour de plus, le Professeur Gormez a indiqué que cette situation ne correspond pas aux principes de l’Islam. En effet, jeûner le jour de l’Aïd est proscrit.

« Si les musulmans (savants et autorité religieuse) ne sont pas capables de gérer le temps, de calculer correctement le temps et définir les horaires, cela veut dire que nous sommes dans une situation très effrayante », a-t-il estimé.

Gormez a expliqué que la Direction des Affaires Religieuses de Turquie effectue des calculs dans ce sens depuis 1978.

Pour conclure, le professeur Gormez a appelé l’ensemble du monde musulman, des savants et des décideurs à redoubler d’efforts pour enfin proposer à tous les musulmans du monde un calendrier unique et mettre fin à cette situation.