Prière du Ramadan : les cas d’école entre turcs et marocains pratiquants
En effet, certaines questions taraudent l’esprit des musulmans de Belgique en ce qui concerne la prière de nuit lors du Ramadan (Terravih). Le questionnement qui revient le plus souvent est de savoir : Pourquoi est-ce que les marocains prient moins que les turcs mais plus longtemps ?
Le cheminement le plus simpliste serait de commencer par rapporter les 4 différentes écoles de l’obédience sunnite musulmane : Hanéfisme, Malikisme, Shafi’isme et Hanbalisme.
En effet, les turcs, en très grande majorité, sont liés à l’école « Hanéfiste ». Il s’agit donc du droit musulman et jurisprudentiel sunnite, fondé sur l’enseignement du théologien et législateur Ebu Hanefi (ou Imam Azam traduit littéralement par le Plus Grand Imam).
Ebu Hanefi vécu de 699 à 767 à Koufa en Irak. Lui et les 3 autres Grands Imam sont élevés au statut de Tabi’ine. Ce terme peut être traduit comme étant la génération de musulmans qui ont connu les compagnons du Prophète Mohammed (Prières et Salutations soient sur Lui). Donc, dans la hiérarchie directe et indirecte du dernier Messager, il y a de manière centrifuge, le prophète Mohammed (Prières et Salutations soient sur Lui), les compagnons du prophète (Sahebe) puis les suiveurs (Tabi’ine) qui ont connu les compagnons du prophète. Pour finir sur cette lignée, il y a enfin la génération des suiveurs des suiveurs (Tabi at-Tabi’ine).
Toute cette panoplie de personne était et est toujours considérée comme étant les personnes les plus pieuses de la religion islamique d’obédience sunnite.
Sans trop devoir rentrer dans les détails des vies de ses hommes de foi, esquissons un bref descriptif des différences d’écoles majeures de nos jours dans le cadre du mois sacré du Ramadan.
La question qui revient le plus souvent est la différence par rapport aux unités de prières.
En effet, la communauté Hanéfiste ne subroge pas à la prière fortement recommandée « Sünnet ». Il s’agit d’une prière considérée comme surérogatoire par les Malikites. Ce qui rajoute évidemment un pendant en unités de prières aux Hanéfites.
En termes de prières de la nuit du Ramadan (teravih namazi), les Malikites exécutent cette prière non-obligatoire sur 8 unités de prières. Contrairement aux Hanéfites, qui quant à eux, en exécutent 20.
Donc, linéairement :
- Malikites : 4 X 2 unités de prières entrecoupées par les saluts de droite et de gauche (donc avec coupure après chaque duo d’unités de prières = 8 unités de prières au total
- Hanéfites : 5 X 4 unités de prières entrecoupées par les saluts de droite et de gauche (donc avec coupure après chaque quadruplé d’unités de prières = 20 unités de prières au total
A ces deux manières d’exécuter la prière du Ramadan, il faut aussi rajouter les prières de la nuit :
- Malikites : 8 unités de prières + 4 unités de prières de la nuit = 12
- Hanéfites : 20 unités de prières + 13 unités de prières de la nuit = 33
Comme constaté, une grande différence entre le nombre d’unités est à enregistrer entre les deux communautés.
Mais cela est sans compter sur le fait que l’Islam est une religion de facilités. C’est la raison pour laquelle, les 33 unités de prières des Hanéfites se font sur base d’une courte récitation de l’imam par posture.
En revanche, pour les Malikites, le petit nombre d’unités de prières est compensé par la longueur de la récitation coranique. En effet, les Malikites ambitionnent de réaliser la lecture de tout le Coran (Hatim) sur le mois saint du Ramadan. Ce qui reviendrait à dire que l’imam fait la lecture (par cœur) de 30 pages (cüz = jouz) du livre Saint sur le total des postures d’unité de prière du Ramadan.
Enfin, rappelons un enseignement du Prophète (Prières et Salutations soient sur Lui) dans le cadre de ces prières d’une importance capitale :
« Quiconque passe les nuits de Ramadan en prière par foi et en espérant la récompense (auprès d’Allah) verra ses péchés antérieurs pardonnés. »
Erkan Ozdemir / La Manchette