Bozdag : « Nous allons vers plus de démocratie »
AA – Ankara – Tuncay Çakmak
Le ministre turc de la Justice, Bekir Bozdag, a déclaré que la restructuration du Conseil Supérieur Militaire (YAS) va dans le sens de plus de démocratie et plus de contrôle.
Le ministre Bozdag a répondu, dimanche, aux questions des journalistes de la chaîne privée turque 24TV, concernant les mesures prises par le gouvernement après la tentative de coup d’état raté du 15 juillet.
Il a d’abord rappelé qu’après les coups d’état militaires de 1960, 1972 et 1982, rien n’a été fait pour supprimer les conditions qui permettaient d’entreprendre un coup d’état.
« Rien n’a été fait pour empêcher de nouveaux coups d’état. Rien pour supprimer les structures qui permettaient cela », a-t-il dit.
« C’est pourquoi la restructuration du Conseil Supérieur Militaire est nécessaire. Il fallait renforcer la présence civile en son sein et y faire refléter la volonté du peuple. Ce sera désormais une structure plus démocratique, où le contrôle démocratique sera plus important », a-t-il expliqué.
Pour Bozdag, après la nuit du 15 juillet, l’ensemble de l’opinion publique turque, mais aussi le monde politique, est dans l’attente d’une plus grande démocratisation des structures de l’état, particulièrement les structures militaires.
Dimanche, un décret promulgué dans le cadre de l’état d’urgence et ayant valeur de loi, instaure une nouvelle structuration du Conseil Supérieur Militaire de Turquie (YAS) qui sera désormais composé du Premier ministre, du Chef d’État-major, des vices-premiers ministres, du ministre de la Justice, du ministre des Affaires Étrangères, du ministre de l’Intérieur, du ministre de la Défense et des Commandants des différentes forces armées turques.
De plus, ce même décret rattache les commandements des différentes armées turques au Ministre de la Défense.
« Plus nous démocratisons nos structures plus nous pourrons empêcher un nouveau coup d’état. Il est donc essentiel de rattacher les commandements au pouvoir politique. Bien sûr, ces commandements restent liés à l’état-major pour leurs fonctionnements militaires. De cette manière, nous restructurons aussi fortement le ministère de la Défense. Nous créons 9 directions générales, 5 vice-sous-secrétariats, un sous-secrétariat et plusieurs nouveaux départements. Des civils aussi pourront être nommés à ces postes », a-t-il expliqué.
Bozdag est ensuite revenu sur une autre décision inscrite dans ce troisième décret : la fermeture des écoles militaires et la création d’une université militaire sous l’égide du ministère de la Défense.
« Grâce à cela, nous mettons fin au système instauré par l’organisation terroriste FETO qui permettait, grâce à la tricherie, de choisir les futurs cadres de nos armées. Nous mettons fin aux discriminations. Les diplômés de tous nos lycées, même les lycées professionnels, auront la possibilité d’intégrer cette nouvelle université militaire », a-t-il annoncé.
Ensuite, le ministre de la Justice s’est exprimé sur la demande d’extradition adressée aux Etats-Unis au sujet de Fethullah Gulen, chef de l’organisation FETO.
Il est revenu sur le risque que ce dernier prenne la fuite.
« Si les Etats-Unis ne le permettent pas, il ne pourra pas fuir. S’il arrive à rejoindre un autre pays, ce sera de la faute des autorités américaines. Si les Etats-Unis n’arrivent pas empêcher la fuite du chef d’une organisation terroriste qui a entrepris un coup d’état en Turquie, ils se ridiculiseront aux yeux du monde entier », a-t-il estimé.
Pour conclure, Bozdag a critiqué la décision de la justice allemande d’interdire la diffusion par vidéoconférence d’une allocution du Président Erdogan aux manifestants à Cologne contre la tentative de putsch.
« Selon quel critère démocratique interdisent-ils le discours du Président de la République de Turquie lors d’une manifestation pacifique et légale ? C’est une preuve du manque de sincérité de l’Europe vis-à-vis de la démocratie », a-t-il affirmé.