Schaerbeek PTB : « Bernard Clerfayt accuse, nous aussi ! »
« Le PTB est irréaliste et ne respecte pas les fondements de la démocratie », accuse le Bourgmestre Clerfayt et son parti Défi. La raison : « ce soir, le PTB a appelé les Schaerbeekois à venir manifester à l’occasion du dernier conseil communal. Il réclame la construction de 2.400 logements sociaux et invite les citoyens à soutenir cette exigence. »
« La politique du logement social est une compétence régionale », rajoute-t-il.
Voici notre réponse :
- Le logement social, c’est une compétence communale. Il faut arrêter de dire n’importe quoi. Schaerbeek et le Foyer Schaerbeekois peuvent investir sur fonds propres et solliciter la Région dans le logement social.
- Schaerbeek est un des plus mauvais élèves de tout Bruxelles. À la fois sur le nombre mais aussi sur l’état des logements sociaux. C’est la conséquence d’un choix politique fait dans les pires années de Schaerbeek (les années Nols) de ne plus investir dans le logement social.
- Ce stop au logement social, les majorités « Clerfayt » ne l’ont jamais remis en question. Sous prétexte qu’il fallait se limiter à rénover les logements sociaux existants. La réalité est effectivement qu’un nombre important de ces logements sont dans un état pitoyable mais, là aussi, le manque de volonté politique est criant. Les rénovations n’avancent que grâce à la mobilisation des locataires et la pression qu’ils exercent. Et de nombreuses opérations de rénovation sont aujourd’hui rendues difficiles faute de logements neufs (à créer donc) pour reloger les familles.
- La majorité schaerbeekoise continue par contre à faire un intense lobbying pour avoir le moins possible de nouveaux logements sociaux sur son territoire. Cela s’est manifesté de manière évidente dans la pression exercée par la commune sur la Région pour diminuer le nombre de logements sociaux dans le nouveau quartier à construire sur le site de l’ancienne gare Josaphat.
- Le résultat de cette politique est que notre commune voit ses loyers exploser (+48% en 10 ans). La liste d’attente pour un logement social s’allonge, beaucoup de familles n’arrivent plus à trouver un logement abordable à Schaerbeek et fuient même la commune.
- Le budget 2019 que nous devons voter aujourd’hui traduit très symboliquement tout cela : les quelques subventions communales au Foyer Schaerbeekois n’ont plus augmentées depuis des années. Par contre, on voit les dépenses communales affectées aux expulsions de locataires et au gardiennage de leurs meubles passer de 130.000 à 170.000.
- Le PTB a un projet réaliste : celui de répondre à ce défi social en créant à Schaerbeek 2 400 logements sociaux ces 6 prochaines années. Pour y arriver, il y a de nombreuses solutions :
1° En premier lieu, il existe deux grands projets de nouveaux quartiers à construire: la friche de l’ancienne gare Josaphat et le site Reyers. Sur ces deux sites, il est prévu de construire 4 800 logements. Nous voulons qu’un tiers de ces logements soient du logement social (1600). Et pour rendre le projet finançable, il faut que les deux-tiers de logements restants soient à loyer modéré pour assurer un mixité dans ces nouveaux quartiers mais que ces logements soient également publics. Pour que la part bénéficiaire du logement public modéré puisse financer le logement public social.
2° Nous voulons aussi mettre les grands promoteurs immobiliers à contribution via les charges d’urbanisme. De nombreux permis d’urbanisme sont accordés par la commune à des promoteurs immobiliers. Comme le prévoit l’ordonnance régionale, la commune pourrait imposer la création de logements sociaux à titre de charges d’urbanisme. De nombreux logements sociaux pourraient voir le jour dans un environnement mixte et sans que cela ne coûte un euro à la commune.
3° Il y a également à Bruxelles plus d’un million de mètres carrés de bureaux et de logement vides, dont une bonne partie à Schaerbeek. Ces lieux doivent mis à la disposition des pouvoirs publics en vue de les affecter pour répondre à la demande de logements sociaux.
4° La commune doit enfin être pionnière dans la mobilisation des autres pouvoirs pour qu’ils investissent et que Schaerbeek résorbe son manque de logements sociaux.
- « Nous ne pouvons donc tolérer des pressions et manifestations devant l’hôtel communal un jour de séance plénière du conseil communal », affirme le Bourgmestre. D’abord, les séances du conseil sont publiques. Il est normal que nous invitions la population à s’y rendre pour écouter ce qu’il s’y dit. Il est normal aussi que les gens manifestent et exigent que le droit au logement devienne une priorité à Schaerbeek. « Se loger est un droit, y compris à Schaerbeek ». Ne pas les entendre, ne pas respecter ce besoin des gens, c’est imposer un huis clos pour continuer la politique qu’ils mènent depuis des années : celle de laisser le logement dans les mains des promoteurs immobiliers et être à leur service, pas au service de ceux qui tous les jours n’arrivent plus à se loger.
Erkan Ozdemir / La Manchette