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« La mentalité des putschistes de 15 juillet n’est pas différente de celle des Nazis »

La mentalité des putschistes du 15 juillet n’est pas différente de celle des Nazis, selon l’un des noms les plus renommés de la littérature turque, Elif Safak.

Dans une interview avec l’Agence Anadolu, Safak a commenté la tentative de coup d’État manqué qu’elle a d’ailleurs déplorée « avec effroi, chagrin et étonnement ».

« La communauté de [Fetullah] Gulen a apparemment une face invisible. Les écoles, la culture, l’éducation constituaient jusqu’à présent, la face positive. Malheureusement, elle a aussi une face obscure […] que nous avons découvert surtout le 15 juillet », a-t-elle déclaré.

« La volonté de devenir un gang au sein de l’État, et de contrôler la Police et l’Armée, n’a pas de place dans un État de droit. Il faut lutter contre les coups d’État et les gangs, mais il ne faut pas étiqueter les gens innocents, ou diffamer les journalistes, les académiciens et les artistes. C’est une distinction très importante. Il faut lutter jusqu’à la fin contre ces entités illégales, dans le cadre de la loi», a précisé l’écrivaine.

Rappelant que la Turquie a beaucoup souffert des coups d’État et que le Parlement a été bombardé la nuit du 15 au 16 juillet, Elif Safak a affirmé: « Des gens innocents ont été massacrés dans les rues. Les putschistes ont essayé de renverser avec des chars et des armes, le gouvernement et le président de la République élus par le peuple. Le Parlement britannique avait été bombardé par les Nazis durant la Seconde Guerre mondiale. La mentalité des auteurs de la tentative du 15 juillet n’est pas différente de celle des Nazis ».

Safak a par ailleurs, salué le peuple qui s’est opposé physiquement aux chars après l’appel du président [Recep Tayyip Erdogan], puis les médias et enfin les partis politiques qui ont veillé sur la démocratie toute la nuit de la tentative, à la suite de l’appel du président du Parlement, Ismail Kahraman.

L’écrivaine a exprimé le souhaité de voir cet esprit d’union démocratique continuer sans aucune distinction entre gauche et droite, Turcs et Kurdes ou Alévis et sunnites, pour pouvoir atteindre enfin une Constitution pluraliste, accueillante et civile.

Interrogée sur la position de l’Occident vis-à-vis de la tentative du coup d’Etat manqué, Safak a estimé qu’il ne faudrait pas penser l’Occident comme un «bloc uni» et composé de pays homogènes.

« Je pense que plusieurs personnes en Europe et aux États-Unis d’Amérique n’ont pas compris la gravité des événements en Turquie. Il faudrait expliquer mieux l’atrocité du coup d’État », a-t-elle indiqué.

« Je souligne qu’on peut et qu’on doit pouvoir critiquer les gouvernements. Les journalistes, les écrivains, les intellectuels sont tous toujours critiques dans le monde. Mais il y a une distinction principale ici. Personne n’a le droit de renverser un gouvernement élu par des voies illégales. Comme le disait, Voltaire, ‘Je ne suis pas d’accord avec ce que vous dites, mais je me battrai jusqu’à la mort pour que vous ayez le droit de le dire' », a nuancé l’écrivaine Safak.

Elle en outre tenu à préciser: « Je ne suis pas sympathisante du Parti pour la Justice et le Développement (AK Parti). Je ne soutiens aucun parti. Mais évidemment, je reconnais la légitimité de l’AK Parti, car il est au pouvoir grâce aux voix du peuple, et c’est ce que je respecte. Je critiquerais éventuellement les actions que je ne trouverais pas adéquates [aux besoins], mais il faut distinguer ces deux choses ». AA