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France : L’interdiction du burkini sur les plages de Cannes fait des vagues

La décision de la mairie de Cannes d’interdire le port du burkini au nom du respect de la laïcité ou encore de la sécurité fait polémique en France, sur les réseaux sociaux et encore auprès des institutions publiques et privées, comme l’Observatoire de la laïcité.

L’arrêté pris par le maire de Cannes David Lisnard interdit précisément toute “tenue de plage manifestant de manière ostentatoire une appartenance religieuse”, qui serait “de nature à créer des risques de troubles à l’ordre public”, “alors que la France et les lieux de culte religieux sont actuellement la cible d’attaques terroristes”.

Ce maillot de bain porté par les musulmanes pratiquantes n’est pas considéré par l’édile de Cannes comme une tenue “respectueuse des bonnes mœurs et de la laïcité, observant les règles d’hygiène et de sécurité des baignades adaptées au domaine public maritime”, peut-on encore lire dans l’arrêté.

Interrogé sur l’affaire par le journal ‘Nice Matin’, Lisnard a justifié sa décision par l’état d’urgence. “Je n’ai ni le temps ni l’envie de polémiquer. J’ai pris cet arrêté parmi tant d’autres pour assurer la sécurité de ma ville dans un contexte d’état d’urgence”, affirme le maire, soutenant encore que l’arrêté n’interdit pas les signes religieux comme le voile, la kippa ou la croix mais “un uniforme qui est le symbole de l’extrémisme islamiste”.

La Fédération des musulmans du Sud, le Collectif contre l’islamophobie en France (CCIF) et l’Observatoire de la laïcité du gouvernement n’ont pas tardé à réagir à la décision du maire, y voyant une entrave au principe de la laïcité.

“Quand on parle de racisme systémique et institutionnel, on ne fabule pas. L’exemple à Cannes avec cet arrêté de la honte!”, s’est exclamé Feiza Ben Mohamed, porte-parole et secrétaire générale de la Fédération des musulmans du Sud. Elle a également rappelé que le maire de Cannes ne s’était nullement opposé à accueillir le roi Salmane d’Arabie Saoudite l’été dernier, qui avait notamment demandé la privatisation de certaines plages cannoises pour sa délégation.

“On ne verbalisera pas la riche princesse Saoudienne mais la maman voilée qui voulait juste emmener ses enfants se rafraîchir à la plage”, écrit encore Ben Mohamed sur Twitter. La porte-parole a également appelé toute personne verbalisée pour le port d’un signe religieux à Cannes à contacter la Fédération ainsi que le CCIF pour que l’affaire puisse être portée devant le Tribunal administratif.

Marwan Muhammad, président du CCIF, a déclaré de son côté que son organisation a été saisie par de nombreux internautes à la suite de “l’arrêté problématique du maire de Cannes”. “Nos juristes étudient la suite à donner”, a-t-il écrit sur Twitter.

Finalement, l’Observatoire de la laïcité, qui assiste le gouvernement français dans son action visant à faire respecter le principe de la laïcité, a réagi sur Twitter, dénonçant la décision de Lisnard: “Si des restrictions vestimentaires sont décidées, en l’espèce, elles ne peuvent se fonder sur le principe de la laïcité”.

L’interdiction du burkini sur les plages de Cannes ne survient que quelques jours après la polémique suscitée par les élus de la République sur la journée Burkini aux Pennes-Mirabeau (Bouches-du-Rhône) organisée par une association de femmes musulmanes, “Smile13”, dans le parc aquatique de la ville. La journée avait finalement été annulée par le maire de la ville après de nombreuses réactions et menaces à l’encontre de l’association. AA