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Abattage rituel Jamal Ikazban : « Je me suis toujours battu pour la viande « Halal » et « Casher » à Bruxelles »

​Le rendez-vous a été est pris avec une personne interviewée qui n’est autre que le très accessible député bruxellois, Jamal Ikazban.

Accessible mais toujours aussi engagé ! Il a finalement réussi à intercaler une rencontre pour une interview exclusive à La Manchette, entre deux activités importantes.

Le lieu de rencontre n’est pas choisi au hasard. L’adresse donnée par le député socialiste nous mène devant une boucherie, apparemment celle qu’il fréquente régulièrement pour faire ses achats de viande et charcuterie.

Nous sommes donc à la boucherie des « Frères Benmira », située au 42 de la rue du Comte de Flandres, à Molenbeek-Saint-Jean. Le commerce ne désemplit pas tout au long de l’interview. Le gérant, qui connait bien le député nous donne carte blanche pour réaliser une petite séquence filmée dans son magasin.

Bien évidemment, la thématique du maintien de l’abattage rituel sans étourdissement, à Bruxelles, est très importante tant pour les bouchers « Halal » que « Casher » de la Capitale. C’est donc dans l’intérêt de nombreux Bruxellois que le député va nous donner son point de vue sur une thématique qui risquerait de mettre à mal tout un pan de l’économie bruxelloise mais aussi le respect des pratiques religieuses de Juifs et Musulmans.

En Flandre et en Wallonie, l’interdiction de l’abattage rituel sans étourdissement, c’est chose faite, au dépens de l’économie et du respect du Culte de certains. Mais qu’en est-il à Bruxelles?

Le député souligne que la question n’est pas neuve: « En ce qui concerne l’abattage rituel musulman, certains reviennent régulièrement à la charge pour tenter de l’interdire. De manière récurrente, nous voyons, par exemple, l’asbl GAIA monter au créneau pour remettre ce dossier sur la table de manière récurrente. Ils font un travail de lobbying prétextant le bien-être animal pour tenter de l’interdire, mais nous nous y opposons avec force ».

On pourrait opposer au député socialiste que par ailleurs d’autres parlementaires de certaines formations politiques font du forcing afin d’imposer une règlementation qui interdise l’abattage rituel sans étourdissement à Bruxelles. Ce faisant, ils insinuent de manière éhontée que les musulmans agissent au détriment du bien-être animal. Sans contredire l’existence d’un tel forcing au sein du parlement, Jamal Ikazban insiste sur le fait qu’il se bat « depuis des années pour préserver l’abattage « Halal » et « Casher », à Bruxelles. 

D’ailleurs, on peut très facilement retrouver, dans les comptes-rendus des Commissions et des Séances plénières, mes interventions ou celles de mes collègues socialistes, et dans lesquelles nous avons inlassablement rappelé l’importance inscrite dans les lois internationales pour les Gouvernants de respecter les rites religieux des uns et des autres dont celui de l’abattage rituel et la consommation de viande Halal ou Casher ».

L’abattage rituel sans étourdissement n’est pas interdit à Bruxelles. Pour combien de temps encore ? Est-il logique de s’inquiéter?

« En gros, et pour faire simple, je dirais qu’avec quelques camarades, je travaille envers et contre tous pour être en quelques sorte une espèce de gardien de la loi qui autorise encore actuellement, à Bruxelles, l’abattage rituel, à la fois pour la communauté musulmane et pour la communauté juive », résume l’homme fort de Molenbeek-Saint-Jean, qui comme à son habitude, insiste sur le fait de ne surtout pas mettre en péril notre vivre-ensemble.

« Comme je le rappelle souvent lors des commissions ou des séances plénières, au Parlement bruxellois, nous ne pouvons pas ignorer deux communautés et leur volonté de vivre leur Culte, à Bruxelles, comme elles l’ont toujours fait auparavant, sans que cela ne porte préjudice à quiconque. Nous devons maintenir le vivre-semble dans le respect de tous les Bruxellois, et refuser qu’on ignore les Bruxellois de confession musulmane en leur interdisant de consommer « Halal », enchaine Jamal Ikazban.

Si l’aspect religieux risque d’être malmené dans cette volonté de toucher à l’abattage rituel tel que pratiqué, il n’est pas le seul.

En effet, c’est tout un secteur économique particulièrement important de boucheries « Halal » de qualité qui pourrait être touché, à Bruxelles. Ces commerces sont nés pour répondre à une demande enant d’une clientèle musulmane qui ne consomme que du « Halal ». « Imaginons un instant être au coeur d’une catastrophe économique prévisible à laquelle on devra faire face si nous devions ne plus être en mesure d’autoriser une véritable certification de la viande « Halal » à une clientèle demandeuse. « A un moment donné, il faudra bien se demander  »qui est prêt à endosser la responsabilité d’une telle perte financière pour notre économie bruxelloise? ». La réponse est claire :  » Personne ! » », insiste le député bruxellois de Molenbeek, Jamal Ikazban.

On le voit, pour le député socialiste, cette question qui revient régulièrement sur le tapis, à Bruxelles, est fort heureusement contrée par ceux qui tiennent à l’application de la loi suprême relative à la Liberté de Cultes des uns et des autre, comporte plusieurs aspects: l’importance de respecter les Cultes, celui de permettre et respecter tout autant la différence dans le mode de consommation, mais aussi et peut-être surtout, l’importance de la préservation d’une balance économique en équilibré à Bruxelles.

Et d’insister: « Je me bats depuis des années maintenant afin que l’on garantisse sans faille la possibilité de consommer de la viande « Casher » pour la communauté juive, et de la même manière, pour les musulmans de Bruxelles pour le garantir sans faille de continuer consommer de la viande « Halal ».

Le député se veut plus clair encore: « Ce n’est pas tout ! Je pense que de la même manière, en tant que député bruxellois, je me dois aussi de défendre les intérêts de ceux qui veulent consommer bio, végétariens, végans et tout autre mode de consommation. Chacun a droit à cette Liberté dans son mode de vie et de consommation. Je défendrais toujours cette société multiculturelle qui respecte les gens dans leurs différences ».

Quand on lui dit que ce genre de débats qui prétexte le bien-être animal poussent plutôt au repli en opposant les citoyens les uns aux autres, la réponse de Jamal Ikazban est claire:

« Je m’inscrits en faux par rapport à cela. Pourquoi vouloir compliquer les choses?

Je suis certain qu’il est possible de continuer à consommer le type de viande qui nous plait, que celle-ci soit « Halal » ou « Casher », tout en préservant les éléments importants du bien-être animal.

Je ne relèverais pas d’autres abattages non rituels où le bien-être animal n’est clairement pas respecté sans que cela ne soulève autant d’émotion que pour le halal. Halal signifie ce qui est permis car il préserve la santé du consommateur et le bien-être animal. Un animal maltraité donnera une viande non halal.

Tout ceci n’est pas contradictoire du tout », conclut de manière sereine Jamal Ikazban (PS).

Erkan Ozdemir / La Manchette