France : Chevènement se dit prêt à diriger la nouvelle fondation de l’islam
L’ancien ministre français de l’Intérieur Jean-Pierre Chevènement s’est dit prêt à diriger la nouvelle fondation de l’islam de France, après avoir été pressenti par le président François Hollande, a rapporté le journal Le Parisien.
Dans une interview parue lundi dans le quotidien Le Parisien, l’ancien ministre a estimé que la « mission est tellement d’intérêt public qu’aucun responsable ne peut s’y dérober », notamment dans le respect de la liberté de culte des musulmans, « de la laïcité et des principes de la République ».
« Je ne m’y déroberai donc pas sauf si ma nomination devait entraîner des problèmes insolubles qui me forceraient à me retirer », a-t-il souligné.
Chevènement a mis deux conditions à son éventuelle présidence de la nouvelle structure, elles concernent la gestion des mosquées et ses positions personnelles: « Tout d’abord, que les financements étrangers soient prohibés afin que tout se passe dans la plus grande transparence », a souligné l’ancien ministre, exigeant par ailleurs à maintenir sa liberté d’expression « en tant qu’homme politique ».
Interrogé sur la première mesure qu’il prendrait après sa désignation, Chevènement a mis en avant la « formation profane des imams » et la promotion des projets culturels « ayant pour but de faire mieux connaître la civilisation musulmane ».
Et de préciser: « Il faut leur enseigner ce qu’est la citoyenneté française, le cas échéant la langue française, les principes généraux du droit, en tout cas ceux régissant les rapports entre le culte musulman et les pouvoirs publics ».
S’agissant de la construction et de la gestion des mosquées, Chevènement a estimé que l’islam de France « doit pouvoir se développer avec des fonds français ou, en tout cas, qu’un mécanisme de transparence soit institué en l’absence de tout «fléchage» de la part des donateurs ». Cette nouvelle association de l’islam sera ainsi la seule instance à sélectionner des projets, a-t-il suggéré.
Il a également appelé, à travers cette nouvelle fondation, à des meilleures relations avec les jeunes issus de l’immigration maghrébine et de culture musulmane, notamment dans l’objectif d’empêcher leur départ en Syrie ou de leur exclusion de la société.
« Il faut les empêcher de tomber dans l’impasse suicidaire dans laquelle les poussent Daech et les salafistes à la vue courte. Si nous aimons la France, il faut faire des Français de confession musulmane des Français qui, comme les autres, ont envie de travailler à l’essor de la France », a insisté l’ancien ministre.
– Des critiques au sein même de la classe politique contre la réforme gouvernementale de l’islam
La création d’une nouvelle fondation de l’islam et la nomination de Chevènement à sa tête, sont loin de faire l’unanimité dans les milieux politiques et au sein du gouvernement. Même Laurence Rossignol, ministre des Familles, de l’Enfance et des Droits des femmes, qui avait pourtant suscité l’ire de la communauté musulmane avec ses commentaires sur le voile, a regretté que l’ancien ministre de l’Intérieur soit pressenti à ce poste, estimant qu’il faut « quelqu’un de culture musulmane avec une connaissance de toute sa subtilité ».
La sénatrice de l’Orne, Nathalie Goulet (Union des démocrates et indépendants) a renchéri pour sa part, s’interrogeant sur Twitter, « Il n’y a pas de Français de confession musulmane à la hauteur ? »
Le maire de Tourcoing, Gérald Darmanin, a estimé de son côté que la nouvelle fondation de l’islam ne pourrait fonctionner qu' »à la condition de laisser les musulmans la gérer eux-mêmes ».
« L’idée du président de la République de le [Chevènement] nommer à la tête de cette fondation est une idée pour le moins paternaliste, presque coloniale », a affirmé le maire dans une interview au Journal du Dimanche. AA