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CIRE : « il n’y a pas plus de demandes d’asile mais plutôt Francken a fermé des centres d’accueil »!

Ces derniers temps, nous lisons et entendons des informations sur la « saturation » des centres d’accueil pour demandeurs de protection internationale, parfois comparée avec la crise de l’accueil de 2015.

Beaucoup pourraient comprendre que cette situation est due à une forte augmentation des demandes de protection internationale. Ce n’est pas le cas. Nous tenons donc à apporter certains éléments qui permettront d’éclairer ce qui est réellement en jeu.

La « crise de l’accueil » actuelle est la conséquence de décisions politiques et non d’une arrivée massive de demandeurs d’asile. S’il est vrai que leur nombre est plus élevé qu’en 2016 et 2017, on est très loin de la situation tragique de 2015.

Pour comprendre ce qui est en train de se passer, il faut remonter à la fin de l’année 2017. Au vu de la diminution des demandes d’asile et du taux d’occupation des centres d’accueil, le secrétaire d’État à l’Asile et à la Migration de l’époque, Theo Francken, décide alors la fermeture de plusieurs centres d’accueil qui avaient été ouverts en 2015, au moment de l’arrivée de nombreux demandeurs d’asile. Il a répété cette mesure au début de l’année 2018, en demandant que les centres désignés soient fermés au plus tard pour le mois d’août. Certains de ces centres sont restés ouverts, faute de places disponibles dans le réseau d’accueil. Mais cette décision a mené au départ de nombreux membres du personnel et donc, à une perte de compétences et d’expérience très dommageable pour
la suite.

La crise actuelle est liée à ces fermetures inconsidérées. Une vision ne fût-ce qu’à moyen terme, aurait réclamé de conserver des « places d’accueil tampons », soit des places de réserve, qui peuvent être très vite mises en fonctionnement, puis fermées, au gré des changements de contexte. Elle résulte également d’un manque de personnel à l’Office des Étrangers (OE) et au CGRA (Commissariat général aux réfugiés et aux apatrides), de la formation en cours du nouveau personnel du CGRA qui n’est donc pas encore opérationnel, de l’introduction de quotas journaliers pour l’introduction de demandes de protection internationale en décembre 2018 qui a créé des retards qui ont été difficiles à résorber, et d’une augmentation du nombre de demandes de protection internationale depuis mi 2018. Éléments qui sont connus des autorités en charge de l’asile et de la migration, qui pourraient donc (et auraient déjà dû) dès lors procéder à l’ouverture, ou à la réouverture, des centres d’accueil nécessaires.

Quelques chiffres fournis par l’OE:
En ce qui concerne les premières demandes d’asile :
6 premiers mois de 2019 : 10844 (les chiffres pour juillet, août et septembre ne sont pas encore
disponibles)

6 premiers mois de 2018 : 8166
Janvier 2018 : 1458
Août 2018 : 1943
Octobre 2018 :2360

Décembre 2018 (mise en place de quotas) : 1081
6 premiers mois de 2017: 7250

Janvier 2017 : 1151
Août 2017 : 1437
Octobre 2017 : 1357

Total 2015 : 31285 (à l’époque, on comptait les demandes par dossier, les enfants accompagnant
leurs parents ne sont pas représentés)
Total 2016: 14670 (à partir de cette date, les enfants sont repris)
Total 2017: 15373
Total 2018: 19083