Applaudissements de 20h : « les appels à la prière sont des actes nobles, pas un jeu ! »
L’acte est louable. Au début, tout quidam n’avait aucune difficulté à accepter le fait que des appels à la prière en extérieur se faisaient de manière coordonnée notamment à la commune de Molenbeek.
En effet, le phénomène d’applaudissements sur le coup des 20h, en guise de soutien au corpus médical de Belgique, est devenu viral.
Ce rituel singulier, à la base, a vite muté en cacophonies de tintements de casseroles, de cris, d’usage d’instruments de musique.
Encore une fois, la période de confinement est parfois très difficile à gérer d’un point de vue social.
Donc la population voit en ce « concerto » tout azimut de 20h une échappatoire émotionnelle et parois même physique.
Tellement que la perspective originelle de la fête a très vite déviée et que le corps médical, majoritairement pas demandeur, a très vite été oublié.
Par contre, les dérives sont inévitablement émergentes. Des appels à la prière en extérieur, coincés entre deux morceaux de musique, retentissement dans différentes communes et prennent aussi une proportion virale.
Nous sommes d’accord avec le fait que l’appel à la prière est une cérémonie noble qui appelle à des actions nobles. Donc, d’utiliser ce cérémonial dans le but de « déstresser » voire d’ajouter une touche religieuse au phénomène de liesse populaire ne plait pas à une majorité de musulmans à Bruxelles.
On a pu apercevoir des messages dans des réseaux sociaux de personnes dérangées par l’usage malséant de l’appel à la prière.
Surtout que la prière la plus proche de 20h est à 20h15 (prière du soir) et que les concerts ne dépassent pas les 5 min.
Rappelons que l’autorité compétente afin d’autoriser une demande extérieure d’appel à la prière est bien la commune.
D’un point de vue législatif, Stéphanie Wattier, chercheuse honoraire du FNRS à l’UCL, avait réalisé une étude publiée en 2016 qui relatait :
« Et en Belgique ?
Même si cela est peu connu, le muezzin résonne déjà dans quelques endroits en Belgique. Par exemple, à Cheratte-Bas, petit village de la province de Liège, le muezzin résonne depuis plus de vingt ans.
S’agissant de la difficulté éventuelle liée à la « pollution sonore », c’est davantage concernant le son des cloches des églises que des recours ont déjà été introduits auprès des cours et tribunaux belges. Il n’existe néanmoins, en l’état actuel du droit, aucune législation concernant la « pollution sonore » des établissements religieux.
De manière générale, la règle est celle de l’antériorité, c’est-à-dire que lorsqu’une personne vient s’installer tout près d’une église déjà existante et se plaint du bruit des cloches, le juge donnera tort à l’habitant.
Dans les autres cas, c’est la jurisprudence généralement appliquée aux troubles de voisinage (art. 544 C. civ.) qui sera suivie – qu’il s’agisse du son des cloches, du muezzin, etc. –, et ce, comme elle prévaut dans tout litige ayant pour objet une question de « pollution sonore ». (https://uclouvain.be/fr/instituts-recherche/rscs/actualites/l-appel-du-muezzin.html?fbclid=IwAR3CJf-FjVEwhIjq7NAPFGfNfIcX0NPjupBZeIAWAa6ygpCu0akEAmFfS7A)
Erkan Ozdemir / La Manchette