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COVID19 : “la dernière reconnaissance envers les taxis bruxellois remonte aux attentats de 2016”

Ce n’est un scoop pour personne. Les taxis, qui sont la vitrine d’une région, sont aussi en premières lignes quand il s’agit d’acheminer un touriste à son hôtel. Ils sont un peu le premier contact d’une personne qui vient de mettre les pieds à Bruxelles en l’occurrence.

Autrement dit, ils sont aussi les ambassadeurs de la voiture partagée par excellence mais ce secteur se meurt dans l’indifférence la plus totale.
Pourtant leurs revendications ne sont pas de l’ordre pécuniaire. Autant dire que 4.000€ de prime régionale ne feront pas d’eux des chauffeurs qui rouleraient sur l’or.

En effet, Jawad Zizaoui, taximan bruxellois et membre de l’asbl Elite Belgium qui, parmi d’autres,  représente le secteur du taxi bruxellois, recense une liste non-exhaustive de frais journaliers autours de sa profession :

  • “Crédit-auto ou leasing : dépendant de la voiture entre 400€ et 1000€/mois
  • Radio = 600€/mois à verser aux centraux qui continuent à facturer
  • Assurance du véhicule entre 3000€ et 5000€/an qui ne peut pas être suspendue => pour suspendre l’assurance auto pour taxi, il faut déposer la plaque le temps de la pandémie
  • Garage pour véhicule qui ne circule pas : 150€/mois
  • Cotisations sociales suspendues pour le moment mais qu’il faudra quand même payer
    • =>une perte financière pour la pension
  • Taximètre : 188€/Trimestre
  • TVA suspendue pour le moment mais à payer après les mesures de confinement

On peut ajouter à cela les kits d’hygiène que l’on doit mettre à disposition du client.”

L’absence de masques, et les plexiglas de séparation entre clients et chauffeur restent à payer sur fonds propres du chauffeur. Et, cette plaque de protection n’est évidemment pas homologuée et n’est donc pas dans les normes imposées par l’Europe.

A côté de cela, en tant qu’indépendants, on peut signaler évidemment que l’INASTI prévoit aussi le droit de passerelle pour les taxis. Ce qui représente une chance pour les chauffeurs les plus précarisés. Ce même avantage est aussi adressé en faveur des chauffeurs de limousines avec la plaque 1-TLx xxx (notamment pour UBER).

«  En Wallonie, il y a un quota de taxi défini dans la proportion de 1 pour 2.500 habitants. Donc, on peut tabler sur une limite de 1450 taxis pour 3,644 millions d’habitants. Le calcul est simple ; la Région wallonne a alloué un maximum de 5000€ x 1450 = 7.250.000€ pour le secteur du taxi wallon. Ce qui est évidemment valorisant pour nos collègues wallons. Nous savons, à l’heure actuelle, que le gouvernement Vervoort (Région Bruxelles) travaille sur le sujet d’aussi allouer une prime aux taxis bruxellois. C’est dans le pipe.

Mais au-delà de cette aide financière, en tant que service d’utilité publique, les instances étatiques pourraient nous réquisitionner dans le but de venir en aide au monde médical. Notre secteur est comparable au monde médical et se ressemble en beaucoup de points. Malgré nos alertes diverses avant le COVID19, nous avons très souvent été bottés en touche. Nous sommes les infirmiers de la route ! » rappelle Jawad Zizaoui.

« Je suis tout à fait ouvert à des propositions de solidarité pour transporter un médecin, une infirmière à leur domicile. Cela évitera qu’ils usent dangereusement de leur véhicule après des heures de prestations intenses en hôpital, ou même de perdre du temps dans les transports en commun sur leur chemin vers le domicile ou à l’hôtel. De la même manière, dans un élan de solidarité, nous sommes même prêts à conduire les enfants en bas âge du corps médical de première ligne à la crèche afin de leur épargner encore plus temps pour les soins de personnes en détresse.

Nous voulons aider ! » s’attriste Jawad Zizaoui.

« Mais rappelez-vous, la dernière reconnaissance réelle donnée aux taxis remonte aux attentats de Zaventem et Maalbeek en 2016. Malheureusement connue pour ces tristes vérités, cette période de guerre a, entre autres, aussi mis à l’honneur la solidarité des taximen. Nous avons chargé gratuitement des milliers de personnes dans l’impasse pendant que d’autres types de véhicules majoraient leur course trois fois plus onéreusement. Aujourd’hui, nous sommes aussi en temps de guerre contre un virus, pourquoi ne pas produire la même chose ? »

Enfin, Jawad finit en confirmant que : « Nous avons que notre voix se faite entendre au sein de Parlement à travers certains relais que nous remercions mais nous sommes un service d’utilité publique donc donnez-nous l’occasion d’aider notre prochain” !

Erkan Ozdemir / La Manchette