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Attentat Istanbul : Analyse des bons, mauvais terroristes !

Je m’accorde souvent à dire que « Comparaison n’est pas raison ». En effet, selon cet adage, il n’est pas sûr que l’opération qui consiste à rapprocher des réalités distinctes pour les assimiler ou les différencier soit intellectuellement chose aisée et qui plus est valide.

Françoise Argod-Dutard nous apprenait jadis dans « Histoire et Littérature au siècle de Montaigne » que « Cette métaphore vire au mensonge quand elle n’est pas révélation. Hélas, elle peut se prétendre un rapprochement fondé, et se faire passer pour révélation alors qu’elle organise une manipulation, usant de sa possibilité d’illusion. »

Cet exercice périlleux digne d’un illustre illusionniste a été tenté par un de nos élus qui a lancé une comparaison du groupe terroriste PKK à celui de Daesch. L’impact médiatique a évidemment fait des heureux dans les rangs de cet élu mais différents rappels à l’ordre ont émergé du parti auquel est rattaché l’élu en question. Cette acrobatie digne d’un trapéziste n’a, par la suite, pas eu l’effet escompté.

En effet, il a fallu que l’attentat du 10/12 à Istanbul change la donne et que la comparaison initiale se transforme en une manipulation communautaire.

Une autre personnalité importante de la communauté, plus intelligente, a aussi fait une sortie dans la même lignée mais a utilisé un subterfuge des plus fins : « En Belgique, il y a une politique à double vitesses selon laquelle « on ferait une distinction entre les « mauvais » et les « bons » terroristes selon qu’il s’agisse de ceux qui commettent des attentats chez nous ou ailleurs » ?

Entre nous, s’il y avait un choix à faire entre les deux formulations, je me rangerai évidemment dans la dernière. Nonobstant le fait que j’ai prouvé à moultes reprises le fait que les marches ou manifestations des kurdes pro-PKK sont tolérées en Belgique en vertu de l’article 10 de la Convention des droits de l’homme qui prédit une liberté d’expression sans failles, pourquoi ce deux poids deux mesures entre le PKK et Daesch ?

La réponse serait peut-être à chercher dans la haine viscérale que l’Europe et ses valeurs font grandir en leur sein face aux libertés personnelles qui seraient bafouées aux vues des rapports partiaux de grandes organisations de protections des droits de l’homme.

Mais pour en revenir au sujet principal, le PKK est une organisation terroriste qui a fait connaitre sa force dans tous les fléaux confondus ; trafic de drogues, trafic d’armes, trafic d’êtres humains, trafic d’organes, crimes de guerre, attentats, tortures, meurtre organisé … bref tous les fléaux. Leur objectif est désormais connu de tous. Il s’agit bien ici de la conquête d’une partie de l’est de la Turquie et notamment celle kurdophone en habilitant cette conquête à des idéologies léniniste et staliniennes. Cette habilitation ne pourra se faire qu’à travers la Terreur.

La Terreur est par ailleurs une période que la France a bien connue et qui est caractérisée par le règne de l’arbitraire et des exécutions de masse pendant la Révolution Française. Faut-il rappeler que cette révolution de la Première République, qui était engagée dans une guerre révolutionnaire contre une coalition européenne et une guerre civile contre les royalistes et les fédéralistes, est gouvernée par un pouvoir d’exception reposant sur la position de force, l’illégalité et la répression à l’encontre des opposants politiques qualifiés de « contre-révolutionnaires ».

Et, c’est exactement à travers cette répression que les partisans du PKK ont la main mise sur le recrutement d’une quantité de personnes dans l’est de la Turquie et aussi en Europe pour arriver à leurs fins. Il n’est pas à omettre que la Terreur française dont le dénouement s’est exécuté par les contre-révolutionnaires qui se sont unis contre Robespierre et ses alliés, qui sont exécutés le 28 juillet 1794, mettait ainsi fin ipso facto à cette période infâme.

En revanche, Daesch n’est qu’une continuité d’Al-Qaida d’Oussama Ben Laden. Ils ont tous les deux pour but de créer un califat. Ce mot qui, au début, était très utilisé a fini aux oubliettes. Ces terroristes s’approprient sans foi ni lois des terres pour s’imprégner de tous les avantages liés à une région de la Terre. Il va sans dire que la Syrie en proie à une infinité de convoitises est une clef d’accès au Moyen-Orient à travers le Proche-Orient.

Or, historiquement, il faut tout de même admettre sans en démordre que l’Europe partage une responsabilité indéniable des maux qu’accusent cette partie de la Terre. Encore une fois, les accords Sykes et Picot de 1915 (arrangement mal ficelé entre Angleterre et France) sont à la base de ce déchirement qu’accuse actuellement le Proche-Orient !

Enfin, dans tout cet imbroglio de stratégie de guerre, il y a aussi la guerre économique qui est aux portes de l’Europe. Pour conclure avec la guerre économique, l’exemple d’Edward Snowden arrive à point nommé. « Si les médias ont expliqué que ce dispositif servait à empêcher le terrorisme, ce n’est que très partiellement vrai. En effet, tout « bon terroriste » connaît déjà les pouvoirs des renseignements et possède largement les moyens de s’en prémunir via des logiciels… ».

Pour finir, à l’heure d’écrire ces lignes, à part Didier Reynders, aucun politique belge n’a condamné ces attentats à Istanbul contrairement à ceux perpétrés par Daesch à l’aéroport d’Istanbul l’année passée.

Erkan Ozdemir / La Manchette