Reportage Politique : Olivier Maingain, président du DéFi (2 ème partie) : « Le PTB, C’est une illusion » !
« Plus, j’entends le PTB et plus ils vous parlent de marxisme, alors le jour où on m’expliquera en quoi le marxisme a été une réussite économique, je suis prêt à entendre les arguments ! … mais le PTB, c’est une illusion »
La Manchette : Comment voyez-vous le dénouement des élections communales 2018 ?
Olivier Maingain : Ce que l’on reconnait généralement aux mandataires du défi, c’est une gestion publique rigoureuse, notamment dans le respect de la loi et soucieux des équilibres financiers ainsi que de la qualité du service à la population. On est donc pas dans la logique de se servir du pouvoir.
Par ailleurs, je m’honore de présider un parti où les mandataires politiques ne sont pas suspectés de malversations, manquement à l’éthique, la gestion publique est donc un devoir à l’égard de la population ! J’avais un prof de l’université qui me disait toujours que : les pouvoirs sont des devoirs !
Autrement dit, le pouvoir, ce n’est pas pour se servir mais pour rendre ce que les électeurs demandent que l’on assume comme gestion au service de la population. C’est pour ça que je dis souvent à nos mandataires que je ne vous promets rien, vous n’allez pas nécessairement faire carrière, vous n’avez l’espoir d’avoir un plan de carrière grâce à un parti tel que le nôtre. Si vous ne venez pas par conviction et par volonté de vous engager sans l’assurance d’avoir la reconnaissance, alors vous serez déçus !
Donc, les promesses dans des cabinets ministériels ou telle association ne font pas parties de notre culture politique. Vous venez que si vous croyez que ce que nous représentons comme projet politique est valable.
La Manchette : Quelle est votre appréhension par rapport à la montée du PTB ?
Olivier Maingain : Alors, le choix dans les sondages du PTB, c’est tout simplement la volonté de sanctionner les partis au pouvoir, nous échappons à cette sanction, on se comporte plutôt bien à Bruxelles, même très bien à Bruxelles.
Il y a d’ailleurs une légère augmentation dans les sondages en faveur du Défi.
Dans les intentions de vote, nous sommes quand même bien le troisième parti en tous les cas dans les élections régionales, viendra par la suite le fédéral et la présence en Wallonie (qui n’est pas compris dans le sondage).
Donc, il y a une volonté de sanction incontestablement et le PTB apparaît comme un parti de rupture, antisystème, et je dis aux électeurs quand vous écoutez bien les discours de Raoul Hedebouw, parti qui se veut contre élites, l’establishment, je lui dis d’ailleurs l’autre jour au parlement, c’est un discours à la Trump, à la Marine Le Pen.
Donc, cette espèce de discours contre tout ce qui est corps institués, tout ce qui est représenté le pouvoir d’une manière ou d’une autre, qui est donc finalement un discours de méfiance vis à vis de ce qui fonde la démocratie, la nécessité d’avoir des pouvoirs et des contre-pouvoirs, en démocratie si vous n’avez pas des équilibres entre différents pouvoirs donc ce rejet de tout ce qui est pouvoir institutionnalisé, cela fait partie du discours de fond du PTB et donc, il est pour un certain nombre d’électeurs le populisme honorable ! Ce n’est pas le populisme d’extrême droite, donc ça on ne peut pas les suspecter d’être racistes ou xénophobes, honnêtement dis ils ne le sont pas mais c’est donc le populisme soft « honorable ». Mais dans les faits, c’est le même objectif c’est-à-dire une sorte de vision tellement détachée d’un certain nombre de réalité, qu’ils font croire à grand soir qui est tout à fait improbable. Plus je les entends et plus ils vous parlent de marxisme, alors le jour où on m’expliquera où le marxisme a été une réussite économique, je suis prêt à entendre les arguments ! Est-ce que c’est une tendance qui va être sur du long terme ou pas ? Je ne peux pas le dire, mais le PTB, c’est une illusion et je le dis souvent dans les assemblées où je vais, si vous voulez un changement de gestion publique, faites plutôt confiance à un parti qui a plutôt fait ses preuves dans ce domaine en étant honnête et qui a des objectifs généraux conciliables avec un environnement économique et international.
Donc, le principe de réalité convaincra t’il certains électeurs de se détourner du PTB ? Je n’en sais trop rien. alors je prends leur leitmotiv, dans tous les débats dès qu’il y a un débat sur les financements des politiques publiques, c’est, il suffit d’aller chercher l’argent par la taxe sur les millionnaires, bon c’est très séduisant, cela a un côté Robin des Bois d’ailleurs cette taxe est déjà servi à toutes les sauces, elle devrait avoir un rendement exceptionnel pour payer tout ce que le PTB voudrait financer comme politiques publiques.
La Manchette : Elle a d’ailleurs aussi déjà été introduite par le PS ?
Olivier Maingain : Oui, le PS en a une autre formule mais quand on analyse précisément cette proposition, c’est qui qui va la payer cette taxe prétendument prise sur les millionnaires ? Les plus riches ? Non ! ils seront déjà partis depuis longtemps, ils auront déjà mis leurs capitaux ailleurs, leurs fortune ailleurs, alors là on peut regretter qu’il n’y a pas de coordination fiscale européenne, internationale, ça je suis tout prêt à défendre qu’il y ait une juste proportion de l’impôt sur les fortunes et ça doit être réglé au niveau européen mais on sait bien que l’Europe est en panne de ce point de vue et on peut le regretter !
La Manchette : Mais, il y a de gros projets, Monsieur Maingain comme le projet européen AEOI (échange automatique d’informations) et FAFCA (Foreign Account Tax Compliance) qui ont pour ambition de combler ce manque
Olivier Maingain : Oui, d’accord mais c’est encore bancal pour moment !
D’ailleurs pour qu’il y ait des convergences de politiques fiscales mais je ne suis pas pour l’expropriation du patrimoine d’autrui car la conception du PTB c’est quasiment l’expropriation du patrimoine des gens. Qui est ce qui va finalement l’assumer cette taxe ? Mais ceux qui finalement gardent un patrimoine en Belgique, c’est à dire ceux qui ont patrimoine immobilier. Alors le PS dit ce qui relève de l’habitation propre ne se sera pas taxé alors que le PTB ne dit pas ça, le PTB taxera tout patrimoine. Au final, ils veulent taxer ceux qui auront mis leur épargne de leur vie de travail dans un patrimoine immobilier pour assurer des revenus corrects quand ils seront à la retraite car notre régime des retraites est très faible. Ce qui sauve le belge à la retraite de la précarité est le patrimoine immobilier ! Quand je rencontre certaine personne qui n’ont pas de patrimoine immobilier et qui ne sont propriétaires de leur logement, arrivées à l’âge de la retraite, ils sont catastrophés.
La Manchette : Surtout que Mr Bacquelaine (MR) promet qu’il y aurait une perte de 113 € de pension pour certains !
Olivier Maingain : Oui tout-à-fait !
Donc, dire aux gens, vous avez peut-être un immeuble avec 3 appartements, vous en habitez dans un et vous avez des revenus des deux autres et c’est la dessus que vous allez être taxé/ ca va être des privations de revenus pour des gens qui ne savent comment satisfaire à leur besoin essentiels.
Au final, l’illusion du PTB se réduit à soit une captation de votre patrimoine (idée marxiste : collectivisation de biens privés) soit à une menace de précarité sur des gens qui ne pourraient faire face à leur besoin sans ces revenus immobiliers. Alors, tout le monde sait qu’il y a de grands propriétaires, multipropriétaires, je n’ai pas de problèmes à dire que ceux-là doivent contribuer différemment mais il s’agit d’une petite portion relativement réduite. Tout belge n’est pas du tout multipropriétaires. Attention, rappelons quand même qu’à Bruxelles il n y a que 60 % des bruxellois sont des locataires. Dans les 2 autres régions, la proportion est un peu inverse de 60 à 70 % sont propriétaires et 30 % sont locataires et parfois les belges ont une seconde résidence. Alors soyons honnête, il y en a qui ont évidemment un appartement à la mer à 1.5 million mais cela n’est pas majoritaire et ceux-là on peut aussi les faire contribuer autrement que par la taxe sur le patrimoine.
La Manchette : Y a-t-il une comparaison à faire avec Mélenchon en France ?
Olivier Maingain : Oui sans doute, avec peut être chez Mélenchon, une dimension patriotique française et moins internationaliste que le PTB. Le PTB est un parti internationaliste au sens de l’international des partis marxistes-léninistes. Il serait donc plus proche de la ligue révolutionnaire. Un moment donné, l’alliance des petits partis d’extrême-gauche français qui avait été initié par Olivier Besançon. Mélenchon, c’est quelque part, une survivance d’une gauche patriotique, un peu à la Chevènement et donc souverainiste et en même temps anticapitaliste. Honnêtement, le PTB n’est pas dans une logique souverainiste, anti-européenne oui mais pas pour autant souverainiste. Le PTB n’est pas pour des ruptures de solidarités au niveau internationales.
Erkan Ozdemir / La Manchette