Mrax : “Il n’y a pas qu’une seule discrimination” – Portrait de Shahin
En 2019, j’ai fait face à une triple discrimination audiste (validiste), sexiste, raciste,parce que dans une situation où je n’arrivais pas à entendre, j’avais demandé à avoir des aménagements raisonnables et la personne m’a répondu : ” un noir au milieu de 40 blancs ça s’adapte, pourquoi toi tu n’arrives pas à t’adapter”. Je l’ai ressenti comme une attaque très forte et particulièrement choquante. J’ai déposé un signalement auprès de UNIA. Malheureusement, au bout de huit mois, j’en suis sortie épuisée car cela a commencé à devenir du harcèlement. J’ai laissé tomber car ce racisme me rendait malade, et j’ai démissionné.
Des micros agressions quotidiennes, on connaît bien, ce sont des petites phrases qu’on nous jette à la face quand une personne noire ou arabe ou comme moi pakistanaise au milieu d’un groupe de personnes blanches, forcément à un moment donné on est mis de côté, ou alors on vous met là un peu comme un token. Comprenez par là : bah voilà on est n’est pas raciste, on a ” Carine” (qui est noire), en plus comme on « intègre » les personnes en situation de handicap, on a ” Shahin”, qui est sourde. Donc ces multiples identités qui se croisent et qui font de l’intersectionnalité pour moi une grille d’analyse très importante qu’on doit vraiment bien comprendre pour la travailler parce qu’aujourd’hui elle n’est pas très bien comprise. C’est vraiment une grille d’analyse si on la contextualise et que les personnes sont soumises à des discriminations non seulement qui sont croisées, mais aussi à des discriminations dans le temps ; vraiment si on peut objectiver et faire des études ça serait super car ça permettra de montrer une réalité que les gens ne comprennent pas.