Edito – la stigmatisation, une obsession bien ciblée signée MR/NVA
Il y a des chiffres, et il y a ce qu’on choisit d’en faire. Depuis des années, une constante traverse les discours du MR et de la N-VA : désigner la communauté marocaine comme le visage de la fraude sociale.
Dernier exemple en date : Georges-Louis Bouchez dénonce la possession de biens au Maroc par des bénéficiaires d’allocations sociales. Pourtant, les données qu’il brandit proviennent d’une enquête régionale flamande, couvrant une minorité du pays, et qui mentionne également d’autres pays comme l’Italie ou la Turquie. Mais c’est le Maroc qui devient l’affiche, encore une fois.
Ce traitement différencié des faits, cette manière de systématiquement pointer une origine géographique ou culturelle, relève moins de la rigueur que de la stratégie électorale. On ne parle pas ici de lutte contre la fraude, mais de légitimation d’un imaginaire racialisé de la fraude.
Cette obsession n’est pas neuve.
- En 2021, Bouchez accusait déjà les allocataires sociaux d’avoir des “maisons au bled”, comme si cela suffisait à les soupçonner de fraude, sans preuve ni nuance.
- En 2017, Theo Francken (N-VA) s’opposait à l’octroi de la double nationalité à des Belgo-Marocains qu’il jugeait “proches de leur pays d’origine”, les présentant comme potentiellement déloyaux envers la Belgique.
- En 2020, la N-VA avait exigé un contrôle renforcé des pensions envoyées au Maroc, alors que ces pensions étaient légalement dues à des travailleurs retraités ayant cotisé toute leur vie.
- En 2023 encore, le MR avait soutenu un amendement pour couper les allocations familiales aux enfants résidant au Maroc, en dépit des conventions internationales signées avec le royaume.
À chaque fois, le même schéma : une donnée administrative, une généralisation, et un pays mis en avant – le Maroc.
Pendant ce temps, jamais un mot sur les résidences secondaires en Espagne, ni sur les faux domiciles dans les Ardennes. Deux poids, deux mesures.
À force de répéter, d’assembler des cas isolés, et de choisir les cibles, le MR marche dans les pas d’une N-VA qui a fait de la stigmatisation des personnes d’origine étrangère un levier politique.
Cette instrumentalisation n’est pas une lutte contre la fraude. C’est une campagne de soupçon à visage découvert.
EO / La Manchette