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Théâtre La Monnaie: Rencontre de “Leïla et Majnun” à “Eurydice et Orphée”

A première vue, la rencontre de deux mythes n’est pas chose facile. Pourtant, il y a d’énormes similitudes dans ces deux fables à mettre dans la catégorie de « l’Amour ».

A l’approche de la fête des amoureux, cette démarche interculturelle entre ces deux mondes si distincts est une idée des plus congrues.

Le mot est dit ; l’interculturalité sera le leitmotiv du projet initié par le Théâtre bruxellois connu notamment par sa représentation, en 1830, de la Muette de Portici d’Auber initiatrice en quelque sorte de l’indépendance de la Belgique.

Le directeur général du Théâtre de La Monnaie, Peter Van Caluwe, doctor honoris causa de l’ULB, a eu l’ingénieuse idée de s’essayer sur ce terrain encore inconnu. Et, la tâche de cet ancien dramaturge n’est pas chose évidente.

Un proverbe connu relate le fait que « La Musique adoucit les mœurs ».

L’actualité de ces dernières années ne dresse qu’un portrait morose des évènements mondiaux. La presse traditionnelle se permet, trop souvent d’ailleurs, d’altérer la véracité d’une information dans le but simpliste de « tenir sa clientèle ».

Yann Apperry a dit, il n’a pas longtemps, que « Les voies de la musique sont mystérieuses ». Cette affirmation devient désormais un axiome quand on marie ces deux contes qui respirent l’amour.

Leïla et Majnoun (le fou) est une histoire d’amour très populaire du monde islamique. Elle possède une portée tellement grande que sa résonnance acoustique est comparable au submergeant son de la cithare (saz en turc) du pauvre Qays ibn al-Moullawwah.

Qays, autrement appelé Majnoun, était éperdument amoureux de sa cousine. Cet amour interdit par la classe sociale le chagrina à tel point que Majnoun se réfugia dans le désert au milieu des animaux sauvages où, pour se nourrir, il dispute l’herbe aux gazelles. Un jour, il est découvert mort, son corps recouvrant un dernier poème adressé à sa belle.

Quant à Orphée, fou amoureux de sa tendre Eurydice, partagea aussi le même destin que Majnoun, en perdant sa bien-aimée qui marcha sur un serpent.

Fou de désespoir, le poète-musicien Orphée décida de braver tous les dangers afin de retrouver sa dulcinée dans les abymes de l’enfer.

Après sa tentative vaine de ramener son amour éternel, il se retira avec sa peine au Mont Rhodope où il cache son désespoir, ne cessant de chanter son amour pour Eurydice. Le dieu Dyonisos le livre aux Ménades, des furies qui déchiquettent son corps et le jettent à l’eau, mais sa tête émerge et continue de chanter la gloire de son épouse.

Le programme proposé par La Monnaie sera sans conteste une réussite qui ralliera l’utile (l’actualité déchirante) à l’agréable (la musique) sous forme d’ateliers.

Les députés socialistes bruxellois étaient présents pour assister au lancement du projet. Hasan Koyuncu et Sevket Temiz ont pu échanger avec la chargée de communication Meral Kursun quant au déroulement futur et dates en lien avec ce challenge.

Par ailleurs, Sevket Temiz, intéressé de très près par la mise en scène de ce projet rocambolesque, interrogea les divers intervenants présents lors du lancement. Le compositeur Moneim Adwan, d’origine palestinienne, a joué une ballade musicale aux rythmes enchanteurs du Proche-Orient. Le député Temiz le questionna sur son parcours musical qui le ramena jusqu’à l’approche « Opera » du projet Orphée et Majnoun.

L’échevin Sait kose était aussi présent.

Voici le projet en quelques mots :

Notre projet Orfeo & Majnun fait fusionner le mythe antique grec d’Orphée et Eurydice avec l’histoire d’amour de Majnoun et Leila, célèbre au Moyen-Orient, avec l’idée de créer un nouvel opéra sur l’amour, la tristesse et le désir. Nous invitons tous les habitants de Bruxelles à participer à différents ateliers pour réaliser ce projet en plusieurs phases.

  • En septembre 2017 débuteront les ateliers multidisciplinaires avec les différentes communautés qui feront partie du projet.
  • En février 2018, aura lieu la présentation du fruit de ces ateliers dans la Salle Malibran de la Monnaie, sous le titre de Songs of Longing.
  • Ce voyage artistique se conclura en juin 2018 avec la représentation d’Orfeo & Majnun, « community opera » en deux volets :
    un spectacle dans la Grande Salle de la Monnaie. Avec vous et les autres participants de diverses écoles et communautés, nous tisserons autour des deux mythes une mosaïque vibrante entrelaçant de multiples influences culturelles, les langues et les styles musicaux ;
    un parcours en plein air : nous déambulerons dans le centre de Bruxelles avec des animaux et des créatures mythiques de votre fabrication incarnant les contes que vous aurez imaginés ; une fête collective mêlant marionnettes, masques, chants, textes, installations et musique.

Erkan Ozdemir / La Manchette