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Cimetière multiconfessionnel de Schaerbeek : Merci Boujhar Abobakre !

A l’heure à laquelle tout le monde associatif notamment celui musulman se congratule de la décision du bourgmestre de Schaerbeek, nous retenons un discours. Une réaction poignante prononcée par un membre des bancs de l’opposition de la commune en question.

Abobakre, membre actif en politique depuis quelques législatures déjà, a ému lors du dernier conseil communal ce 31 janvier 2018.

En effet, celui-ci a utilisé, peut-être même à son insu, de la rhétorique d’Aristote ; Ethos, Pathos et Logos.

Il fallait convaincre et très vite même si dans une logique plus qu’implacable, le bourgmestre de Schaerbeek devait faire ce pas de côté. Peu importe les motifs qui ont poussé à prendre cette décision improbable, le coup de botte en touche était déjà clairement dessiné chez Clerfayt en pleine période pré-électorale. L’enjeu est important évidemment, le vote communautaire allait prendre du plomb dans l’aile.

Alors, les motifs plus que farfelus d’une autonomie voulue par l’intercommunale qui gère l’administration du cimetière sont inaudibles par les citoyens. Pourquoi ?

C’est très simple, la dignité après la mort est une obligation légale gérée par la commune qui a plein pouvoir sur un cimetière. A partir de ce postulat, les administrés intercommunaux se fichent pas mal des considérations subtiles quant à la gestion administrative ou qu’Est-ce encore.

Pour avoir visité le cimetière en cible ce week-end, j’ai plusieurs constations afin de dresser ce tableau de désolation. Malgré le fait de ne pas trop avoir envie de rentrer dans le dégainement souvent trop facile de la carte de la xénophobie ou encore de la ségrégation, je voudrais juste inventorier de manière objective les faits.

La parcelle multiconfessionnelle se trouve en fin de parcours du cimetière. La chaussée dédiée à la circulation routière du dernier tronçon multiconfessionnel est complètement divisée par ce grillage.

L’espèce de treillage inesthétique empêche donc la circulation des véhicules et réduit donc la chaussée à une seule bande routière.

Le sentier utilisé par les piétons constitue désormais une bande de circulation improvisée quand deux voitures se rencontrent. Inutile de relater le danger provoqué par cette réduction de chaussée pour la sécurité des piétons qui n’ont aucune indication quant à un quelconque trottoir, inexistant par ailleurs.

L’accès à la parcelle multiconfessionnelle est décalé de quelques 200 mètres pour atteindre enfin une entrée principale tout aussi improvisée que la bande de circulation. Les portes d’entrée, dans la continuité du grillage, privatisent la parcelle de manière clairement inéquitable.

Enfin, aucun accès n’est dédié au carré multiconfessionnel par une entrée dédicacée.

Pour en revenir à l’intervention prévue d’Abobakre mais rentrée en dernière minute, je voulais mettre sa réflexion intellectuelle en avant.

Dans le lot de toutes les actions disparates qui se sont soulevées à l’unisson contre ce mur de la « honte », une vidéo de cette séquence est disponible sur les réseaux sociaux au sujet de son désarroi face au bourgmestre et son acolyte initiateur de ce projet, l’échevin Bernard Guillaume.

« L’Ethos » est le moyen de persuasion qui résulte de la personnalité de l’orateur. Il était un fait certain qu’Abobakre était une autorité incontestée sur le sujet défendu par rapport à ses “convictions religieuses” qu’il eût mis en avant.

« Pathos » est le moyen émotionnel auquel Abobakre a fait appel dans le cadre de son plaidoyer. Les auditeurs, attachés aux lèvres de l’interpellant, étaient littéralement hypnotisés par son développement. Par ailleurs, les valeurs, les croyances et les idées de l’orateur sont intégrées à l’histoire et absorbées par l’auditoire à travers l’imaginaire de la narration.

Enfin, le « Logos » est le moyen de persuasion par le raisonnement. La clarté du message, la logique du raisonnement étaient irréfutables. La projection de son propre enterrement dans la parcelle multiconfessionnelle est un argument sans faille qui a poursuit sa logique dans le cadre de sa thèse.

Pour finir, la débarricade de cette partie du cimetière était une évidence mais le coût de cet acte odieusement irréfléchi se fera malheureusement ressentir au niveau des poches des administrés.

Erkan Ozdemir / La Manchette