Anniversaire de la mort de Malcolm X – Hajj Malik Shabazz: Quel héritage pour aujourd’hui ?
AA/France/Yannis Mahil
Il y a 53 ans, le 21 février 1965, Malcolm X était assassiné à Harlem, alors qu’il donnait une conférence publique. Trois personnes ont été condamnées pour le meurtre, mais deux d’entre elles étaient en fait
innocentes.
Parmi les 5 cinq assassins, seul un a été condamné (à 44 ans de prison), il est sorti en 2010, il s’agit de Thomas Hagan (connu sous le nom de Hayer). Les 4 autres, alors qu’on connaît leurs noms (révélés par Hayer) n’ont jamais été inquiétés, alors que certains sont toujours vivants et vivent leurs vies tranquillement.
La justice américaine a toujours refusé de ré-ouvrir l’enquête. Certains l’expliquent par le fait que plusieurs éléments montrent que le FBI était lui même impliqué dans l’assassinat de Malcolm X ainsi que d’autres services de police et de sécurité intérieure des USA.
D’ailleurs, l’Etat Américain refuse toujours d’ouvrir l’ensemble des dossiers sur l’affaire Malcolm X, ce qui renforce aux yeux de nombreuses personnes l’idée d’une implication des services étatiques.
Malcolm X, qui a connu une enfance difficile faite de drames familiaux, de pauvreté et de racisme, a d’abord été, durant son adolescence et une partie de sa jeunesse, un délinquant et un drogué, notamment à Boston et à Harlem (New York).
Durant la période de son emprisonnement, il vivra une illumination spirituelle l’amenant à se convertir à l’islam et à s’engager dans un processus de lecture, d’instruction et de développement personnel. Il deviendra ensuite un homme de culture, un orateur hors pair et un leader politique de réputation internationale.
Au delà de l’impunité des responsables de l’assassinat de Malcolm X, une autre erreur est d’avoir réduit Malcolm X à un symbole, comme Martin Luther King, tout en diabolisant ceux qui aujourd’hui perpétuent
ses combats.
En effet, certains empêchent toujours la mise en pratique des idées de justice et d’égalité qu’il défendait. Il suffit de voir par exemple comment le mouvement «Black Lives Matter» aux États-Unis est diabolisé et leurs revendications méprisées, ou l’impunité dont bénéficient les policiers ou agents de sécurité ayant tués des noirs américains dans des conditions douteuses, comme Trayvon Martin tué en 2012 en Floride par un vigile, Eric Garner étouffé lors d’une interpellation policière en 2014 à New York, ou encore en 2016 l’employé de cantine scolaire Philando Castile abattu sous les yeux de sa compagne et de sa fille.
Malcolm X était attaché à la lutte pour les droits des afro-américains et leur «empowerment» à la fois sur le plan économique, social et politique.
Il était aussi un partisan du panafricanisme et du tiers mondisme sur le plan international, notamment à travers la OAAU (l’Organisation pour l’Unité Afro-Américaine), organisation qu’il a fondé en 1964.
Ces positionnements l’ont amené à défendre les luttes pour la décolonisation, notamment celle de l’Algérie ou encore du Ghana dont il était proche du Président de l’époque, Kwame Nkrumah. Malcolm X avait aussi visité la bande Gaza en Palestine en 1964, l’occasion de rencontrer le premier président de l’OLP Ahmed Choukeiry, et d’exprimer dans les médias locaux son soutien à la cause palestinienne.
En plus d’être un leader afro américain, Malcolm X était un leader musulman qui souhaitait promouvoir l’islam aux USA et qui encrait ses combats dans les valeurs morales et spirituelles de l’islam, il était
d’ailleurs le leader de la Muslim Mosque Inc à Harlem (New-York).
Son pèlerinage à la Mecque en 1964 avait été la dernière étape de sa conversion officielle à l’islam sunnite, après avoir été pendant longtemps un partisan des doctrines non orthodoxes de la Nation of Islam.
La poussée de l’islamophobie aux États-Unis, notamment au plus haut sommet de l’État avec le Muslim Ban, la diabolisation des organisations et personnalités musulmanes trop critiques et les discriminations contre les musulmans, seraient aujourd’hui un combat central de Malcolm X.
Il était aussi sur le plan international pour un rapprochement avec les pays et peuples musulmans de la Oumma, les divisions internes au monde musulman et les agressions impérialistes qu’il subit aujourd’hui serait aussi au coeur de son engagement s’il était parmi nous.
Ainsi, au delà de donner son nom à la plus grande avenue d’Harlem, ou de faire la promotion de Malcolm X comme un symbole de la lutte pour l’égalité dans certains programmes scolaires, il faut absolument
poursuivre ses combats et perpétuer son héritage tellement riche et toujours d’actualité.