AgendaBelgiqueCultures

Adieu Erdogan Ay ! Grand homme au cœur grand !

En mémoire de notre bien aimé Erdogan Ay…

Un article est parfois très difficile quand il s’agit de la fin tragique de quelqu’un d’aimé.

En fait, tout simplement la passion prend le dessus sur la raison. Il s’agit ici de mon ami Erdogan Ay. Physiquement, on parle ici de 1m95 pour environs 130 kg, on pouvait le qualifier de véritable porte. En même temps, il était le manager de la sécurité des salles du Birmingham Palace.

Quand on parle de « portiers » qu’il gérait avec une main de maître, on pense très souvent à des types à qui on doit arracher un sourire.

Erdogan Ay, quant à lui, un « musclor » au cœur grand qui ne laissait pas son entourage indifférent, cachait derrière son apparence de grand bucheron une multitude de qualités appréciées par tous.

Un homme au grand cœur, c’était exactement ce qu’il était. Toujours en quête de ramener à la raison les, parfois, trop excités clubbers.

Une petite anecdote authentique vécue ensemble : On prenait un verre un jour chez notre ami en commun Sevan Tugyan (Pause Café), quand un homme dans le besoin fait son entrée sur la terrasse de l’établissement. En discutant avec le défunt, je remarque que son attention est prise par cette personne. Très morphologiste de par son boulot, Erdogan a senti le désarroi et le besoin de cette personne pourtant bien habillée. Il lui demanda d’approcher et lui a décoché un billet dont il a pris soin de cacher la couleur avec son énorme paluche. L’homme a pris le billet et le remercia sur tout son trajet vers la sortie. Je lui ai demandé le pourquoi de ce geste de prime abord incompréhensible. Il me répondit tout simplement avec un timbre amusé dans sa voix : « Tu sais Erkan, il en avait besoin plus que toi et moi actuellement ! »

Erdogan Ay était quelqu’un comme ça. Il arrivait à lire les gens autours de lui comme un livre ouvert face à lui. Son petit nom était « Master » : maître du bien autour de lui, mais un fonceur tout de même. Quand la situation était amenée à dégénérer, il ne fallait absolument pas se mettre en travers de sa route. Un véritable bulldozer, il ne fallait pas lui taper sur le système.

En parlant de système, la théorie du « Grand Homme » de Thomas Carlyle n’est finalement pas une affabulation. Parmi les leaders sociétaux de notre petite communauté turque, on pouvait compter Erodagan Ay, un Grand Homme qui avait un nombre croissant de fans.

La prière mortuaire du défunt s’est faite à la mosquée Selimiye de Heusden-Zolder ce premier mercredi de l’an neuf. Le porche de la mosquée affichait une foule impressionnante face au cercueil du défunt comme de coutume chez les musulmans.

Parmi la foule, des politiciens de Bruxelles ont fait la petite heure de trajet : le bourgmestre de Saint-Josse Emir Kir et l’échevin de la culture française de Schaerbeek Sadik Koksal étaient dans les rangs des personnes dans le but d’accomplir les quelques obligations mortuaires religieuses.

La famille Korkmazer, dont la blessure est grande actuellement, a même organisé un trajet en car de Bruxelles vers la destination de circonstance. Les frère Tetik, propriétaires de l’unique et authentique snack au fameux concept étaient aussi présents. Les frères Düzdüşen ont aussi acté présence accompagnés de leur ami en commun avec le défunt, Vedat Cetinkaya qui partageait la même passion qu’Erdogan.

Les fils d’Erdogan Ay, stoïques lors de la cérémonie mortuaire, ont tassé la terre qui couvrait le corps de leur père fraîchement enterré. Les récitations coraniques ont été effectuées et des boissons chaudes ont été distribuées pour réchauffer les corps et cœurs meurtris par le froid.

Adieu Master, Grand Homme que Dieu te prenne dans son paradis !

Erkan Ozdemir / La Manchette