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Ahmed Laaouej : l’homme-clé du PS !

Reportage politique :

Une nouvelle page se tourne sur notre site !

En effet, La Manchette se lance désormais dans des reportages politiques dont le but est de retracer la biographie et les responsabilités inhérentes aux fonctions des élus de manière transpartisane.

Le premier élu interviewé est Ahmed Laaouej dont la réputation n’est plus à faire !

Merci Ahmed !

La Manchette : Ahmed, pouvez-vous nous dire qui vous êtes exactement ?

Ahmed Laaouej : Je suis né en 1969, à Liège. Je suis le cinquième d’une famille de six enfants. Mon père, aujourd’hui décédé, est arrivé en Belgique en 1962 pour travailler dans les charbonnages de la région liégeoise (à Beyne-Heusay d’abord, puis à Blegny-Trembleur). Ma mère l’a rejoint en 1969, elle fût femme au foyer. Je leur dois beaucoup bien sûr. Je suis le premier de la famille à être né en Belgique. Au Maroc, mes parents proviennent de la région rurale de Kebdana, dans le Rif, sur la côte méditerranéenne. La ville la plus proche est Berkane où mes parents s’installèrent avant leur migration.

Ma scolarité s’est bien passée. J’ai d’abord fréquenté les écoles officielles, tant au niveau primaire qu’au niveau secondaire. J’aimais tous les cours, mais plus particulièrement le cours de français et d’Histoire. Maîtriser une langue et connaitre l’Histoire, m’ont toujours paru important pour évoluer sereinement dans une société. Ensuite, j’ai fait des études de droit à l’Université de Liège, que j’ai complétées par une licence spéciale en droit économique et fiscal. Mon choix pour les études de droit s’explique, je pense, par le fait qu’étant jeune j’aidais beaucoup le voisinage, notamment les amis de mon père, à mettre en ordre leurs documents administratifs car très souvent, ils ne maîtrisaient pas le français. J’étais un peu l’écrivain public du quartier. Cela m’a donné le goût de la connaissance des règlements administratifs et je trouvais aussi beaucoup de plaisir à aider les aînés. J’ai toujours vu aussi dans le droit, un instrument de compréhension de la société et une capacité à défendre les intérêts et les personnes menacées par l’arbitraire. L’actualité, avec l’affaire Francken, montre à quel point c’est toujours d’actualité. A l’époque, nous n’étions pas nombreux à être issus des quartiers populaires et moins encore issus de l’immigration, notamment marocaine ou turque, à nous retrouver en Faculté de Droit. Les choses semblent évoluer doucement, et c’est tant mieux. Il est essentiel que l’ensemble des jeunes puissent s’identifier à des exemples positifs.

Après mes études de droit, j’ai intégré le Ministère des Finances en 1993. D’abord, j’ai évolué à l’impôt des sociétés où le travail consistait à vérifier la situation fiscale des entreprises. Puis en 1998, j’ai rejoint l’Inspection spéciale des impôts (ISI) où j’ai participé à la lutte contre la criminalité financière et la grande fraude fiscale. C’est aussi au Ministère des Finances que j’ai débuté mon engagement politique, et plus particulièrement syndical puisque j’ai rejoint la CGSP dès 1995. C’est par ce biais que j’ai rejoint le Parti socialiste, qui cherchait un spécialiste de la fiscalité pour son centre d’études, l’Institut Emile Vandervelde. J’ai en effet rejoint l’Institut Vandervelde en 2000 où je suis devenu le conseiller d’Elio Di Rupo sur les questions fiscales et de finances publiques. Ce fût une expérience très intense, avec notamment la participation à des négociations, en qualité d’expert, pour la formation des gouvernements. En 2004, mon parti me propose de devenir Directeur de Cabinet du Ministre de la Fonction publique et des Sports de la Communauté française (qui s’appelait encore ainsi à l’époque). J’ai occupé cette fonction pendant trois ans. En 2007, je réintègre l’Institut Emile Vandervelde où je reviens à ma fonction de conseiller politique en fiscalité. J’ai participé à ce titre aux négociations qui ont suivi les élections de 2010 et notamment ce qui avait trait à la 6ème réforme de l’Etat.

En 2010, à l’initiative d’Elio Di Rupo, à qui je dois beaucoup, le bureau du PS me propose comme sénateur coopté. Je prête serment en 2010 et je rejoins la « Haute Assemblée ». En 2014, je me présente aux élections législatives pour la Chambre des Représentants où je parviens à me faire élire directement. C’est là que je siège aujourd’hui. Je siège principalement en Commission des Finances et du Budget, où je suis tous les dossiers liés au budget, à la fiscalité mais aussi à la régulation du secteur financier.

Dans l’intervalle, il faut bien sûr aussi signaler que j’habite à Koekelberg depuis 16 ans où je suis conseiller communal depuis 2006.

La Manchette : Ahmed, quel est le secret de votre maîtrise parfaite des sujets traités ?

Ahmed Laaouej : Je vous remercie pour le compliment ! Je pense que la première raison tient à ce que j’aime beaucoup les domaines dans lesquels j’évolue : les finances publiques, l’économie, la fiscalité etc…Ensuite, ma formation académique et ma vie professionnelle avant la politique m’ont permis de m’y préparer. Il est vrai aussi qu’il faut bien étudier ses dossiers notamment en lisant les documents qu’on vous fournit, les notes que l’Institut Vandervelde produit, les rapports des institutions telles que la Banque nationale ou la Cour des Comptes, etc…Les adversaires politiques ne laissent passer aucune approximation. Il faut toujours veiller à taper dans le mille et pas à côté ! Sinon, il vaut mieux s’abstenir. Il faut aussi être curieux et en éveil avec ce qui est publié dans la presse pour être sur la balle et en phase avec les enjeux du moment. Un parti politique est aussi une structure très organisée avec des collaborateurs spécialisés  qui peuvent aussi aider pour analyser et déterminer une position.

La Manchette : Ahmed, comment voyez-vous le dénouement des élections communales 2018 ?

Ahmed Laaouej : Je veux d’abord vous dire que je ne crois pas beaucoup aux sondages. Je me rappelle des élections régionales de 2014 où on nous annonçait à 19 – 20 % et où finalement on a fait quasi 25 %.

Par ailleurs, les élections communales sont un terrain spécifique où la proximité des candidats avec les électeurs est déterminante. Les enjeux sont plus concrets et dès lors une campagne électorale s’aborde différemment parce que les attentes de la population sont plus précises.

Il y a plusieurs paramètres difficiles à estimer : le PTB va-t-il ou non confirmer électoralement son évolution dans les sondages ? Le MR va-t-il payer l’addition de son partenariat avec la NVA et des mesures antisociales prises au niveau fédéral ? L’érosion du CDH  se vérifiera-t-elle aussi le soir des élections ? Cela rend l’issue du scrutin très incertaine.

Nous avons aussi connu des événements tragiques, avec la vague d’attentats qui ont frappé la Belgique et la France. Pour ne pas tomber dans le piège des terroristes, il nous faut apporter une réponse collective en rassemblant tous les démocrates contre ceux qui cherchent à diviser et à propager la haine. Il ne faut pas non plus minimiser l’impact du terrorisme dans les pays d’origine qui ont parfois des effets chez nous. Je pense notamment aux attentats qui ont fait de très nombreuses victimes en Turquie (récemment encore), au Maroc (il y a quelques années) ou en Tunisie pour ne prendre que quelques exemples. La lutte contre le terrorisme doit s’appuyer sur notre refus de la barbarie, d’où qu’elle vienne, partout où elle frappe.

Pour ce qui concerne les élections communales, il n’y a pas de doutes à avoir : nous savons, comme socialistes, qui nous sommes et ce que nous défendons comme projet de société au plan local : cohésion sociale, développement des équipements publics, proximité citoyenne, amélioration du cadre de vie, sécurité et prévention, pour ne citer que quelques exemples. Nous avons l’expérience de la gestion communale et sommes pour cette raison crédibles tant vis à vis de nos concitoyens que d’éventuels partenaires de majorité (puisque notre système conduit mécaniquement à des coalitions). Le plus important est de respecter la population et d’être fidèle à  nos engagements.

Je trouve que les communes où nous sommes en majorité ont toutes des bilans positifs à présenter. Bien sûr, la critique est libre et entendre des regrets sur tel ou tel point est toujours instructif. Cela doit toujours être entendu. Il reste que globalement, nous présentons de bons bilans. Je veux d’ailleurs féliciter tous nos élus qui œuvrent au quotidien dans leurs communes respectives.

La Manchette : Ahmed, quels sont les multiples sujets dont vous avez la charge pour l’instant ?

Ahmed Laaouej : Mon actualité politique concerne essentiellement la très mauvaise gestion du gouvernement fédéral. Leurs erreurs de calculs à répétition et leur mauvaise gestion budgétaire obligent à vérifier en permanence les chiffres qu’ils nous avancent. Attention, ce ne sont pas des abstractions : derrières les comptes publics, il y a le portefeuille de nos concitoyens !

Ce Gouvernement Michel a déjà tellement pris dans la poche des ménages, qu’il ne faudrait pas en plus que ce soit eux qui paient une deuxième fois la facture !

La Manchette : Ahmed, avez-vous un message à faire passer aux lecteurs de La Manchette ?

Ahmed Laaouej :Il est important de toujours nouer le contact avec nos concitoyens. Les populismes essaient de dévaluer la fonction politique. Il est donc indispensable pour les élus de toujours prendre le temps d’expliquer ce qu’ils font et comment ils accomplissent le mandat qui leur a été confié.

Je ne finirai pas sans souhaiter à tous vos lecteurs une belle et heureuse année 2017, et surtout la santé !

Questions + coordination : Erkan Ozdemir / La Manchette