Anthony Baert (Ecolo-Groen) : « Je suis amoureux d’Istanbul » !
Un reportage improvisé avec Anthony Baert, qui n’a pas été élu sur les bancs Ecolo-Groen schaerbeekois, retrace dans les grandes lignes le parcours assez insolite de ce candidat.
Ce candidat vert est ce que l’on peut communément appeler un « overqualified » mais malgré tout d’une simplicité déconcertante.
Une petite rencontre dans le café de Fethi Saglam à la rue Verte, autours d’un « çay » turc et pour cause Anthony est féru par la mégapole turque Istanbul.
Qui est Anthony Baert ?
Anthony Baert est né dans le Limburg (Flandres).
D’abord, j’ai fait 4 ans à Gand en Sciences Politiques. Puis, j’ai 4 ans à UCL, Louvain-la-Neuve en Sciences Economiques.
J’ai donc deux diplômes d’une université francophone mais aussi néerlandophone. Et, actuellement j’habite à Bruxelles. J’ai donc habité les 3 régions !
Ce qui est important pour mon parti et moi car chez Ecolo-Groen, on appelle cela le « Samensenble », le fait de travailler et d’habiter au-delà des frontières linguistiques. A la base, j’étais membre de Groen et par la même occasion, j’ai aussi décidé de devenir membre d’Ecolo.
Ma carrière politique a commencé il y a 5 ans chez Groen et je suis vraiment devenu actif en 2016, ce qui coïncide avec la date à laquelle j’ai commencé à travailler pour les partis Ecolo-Groen au niveau Fédéral. En tant que conseiller économique à la Chambre pour le groupe Ecolo-Groen, ce qui met en osmose mes deux diplômes car je suis conseiller économique pour 2 partis politiques.
Lien avec la communauté turque
Dans le cadre de mon choix Erasmus fin 2005, j’ai pris la décision de partir à Istanbul dans le cadre de mon programme d’échange pour la mobilité des étudiants universitaires 2006-2007. C’est la raison pour laquelle, j’ai pris des cours du soir de la langue turque de manière intensive afin de me préparer à cet Erasmus.
Donc, du haut de mes 19 ans, je foule pour la première fois le sol turc pour me rendre à l’Université de Dogus. Par la même occasion, j’en ai vraiment profité pour voyager et ainsi apprendre le plus possible la langue turque et aussi de rencontrer le plus possible des personnes différentes. Tout ceci a évidemment un aspect formateur déconcertant.
D’ailleurs, chaque année, je retourne à Istanbul car j’ai toujours des contacts à Istanbul.
J’ai déjà visité beaucoup de ville dans le « Guney Dogu » (lire Sud-Est) comme Erzurum, Ani (Kars), Van, Midyat jusqu’à Antakya.
Cet intérêt pour la Turquie s’est renforcé en 2013 en jouant de la clarinette. Au « Balkan Trafik Festival », j’ai vu le groupe « Taksim Trio » avec notamment « Husnu » qui joue de la clarinette et j’ai tout de suite accroché. Et depuis 2016, je joue dans un groupe de musique turque avec Tristan Driessen, grand joueur de ‘Ud renommé qui a été élève de Necati Celik.
Tout ceci tourne encore une fois autours de ma « turcophilie ». Et, j’habite aussi sur la frontière Schaerbeek/Saint-Josse, ce qui rajoute évidemment une dimension supplémentaire dans mon intérêt à la Turquie.
Le ressenti personnel du 14 octobre et la projection sur mai 2019
On a pu assister à une vague verte dans la région de Bruxelles. On a donc augmenté partout sauf à Molenbeek où Ecolo-Groen n’étaient pas sur la même liste.
Dans 3 communes, l’augmentation est telle que nous avons 3 bourgmestres Ecolo-Groen (Forest, Ixelles et Watermael-Boitsfort). Et, nous entrons dans la majorité de nombreuses communes comme à Schaerbeek où nous sommes à la majorité depuis 1994 et nous y restons cette législature et manière renforcée.
Pour mai, cette vague va continuer au regard de la sanction envisagée du MR. L’alliance avec la NVA et le projet de ville du MR en soi devront constituer une sanction pour les élections de mai.
Si les résultats restent bons comme dans les communales, nous montrerons à la majorité au parlement Bruxellois comme l’avant 2014.
Quels seront tes projets en tant que député régional voire fédéral à l’issue du scrutin prochain ?
Je suis un écologiste donc les défis environnementaux sont fondamentaux. Quasi chaque semaine, il y a un rapport alarmant qui sort à propos du réchauffement climatique. La transition énergétique est primordiale pour réduire les émissions.
Il n’y a pas assez eu d’investissements de la législature actuelle ni de celles précédentes dans le sens de la fermeture des centrales vieilles. D’ailleurs, certaines de ces centrales électriques devaient être fermées en 2015 mais le gouvernement a décidé de les prolonger.
Au-delà du fait que nous n’avons quasi pas investi dans le renouvelable mais aussi l’investissement dans le sens de centrale nucléaire n’a pas été fait non plus. Ce qui fallait éviter !
En 2000, ce qu’on aurait du faire est que quand on a annoncé la sortie du nucléaire, on aurait du faire un plan d’investissement dans le renouvelable et dans la rénovation de bâtiments donc la réduction de consommation d’énergie.
LEZ (Low emission zone) – comment vont faire les pauvres ou les moins garnis ?
On soutient à fond cette nouvelle loi mais il ne faut oublier que c’est bien le gouvernement actuel qui l’a mise en place. Les politiques écologiques doivent nécessairement aller main dans la main avec les politiques sociales plus renforcées. Pourquoi ? Parce que ces politiques écologiques ont fatalement un effet économique donc forcément social. Nous ne devons donc pas perdre le soutien de la population, c’est la raison pour laquelle nous devons soutenir ces deux politiques de manière conjointe.
Mais ce changement est nécessaire et doit se faire par une diminution de la fiscalité du travail et une fiscalité plus élevée pour le capital. Nous n’oublions pas évidemment d’augmenter la fiscalité des pollueurs aussi.
Cop 21-22-23 – Echec en raison des USA et de la Chine ? Zoom écologique sur Schaerbeek ?
Au niveau international, il faut clairement mettre la pression pour que des pays comme la Chine ou les USA paient les pollutions de leurs usines.
Il faut aussi se concentrer sur ce que l’on peut faire. Par exemple, mettre des éoliennes en mer est beaucoup moins cher que construire de nouvelles centrales nucléaires.
Au niveau de la mobilité, je pense que les vrais pauvres n’ont pas de voitures. Il faut donc changer les modes de mobilité et réorienter l’espace public. La voiture privée prend 70 à 80 % de l’espace public aussi bien la voirie que le parking. Mais il faut savoir aussi qu’1/3 des schaerbeekois (lire aussi bruxellois) a une voiture. Il faut un changement de mentalité de manière bottom-up (du bas vers le haut).
Donc, cela doit être fait avec le citoyen.
Prime à la casse prévue par Ecolo ?
Cela est envisageable et c’est déjà d’application à la Région avec un package d’incitants en rendant la plaque à la DIV.
Aménagement du territoire
Des choix politiques vers le piéton, transport en commun et voiture partagée doit être fait.
Une piste cyclable ne coûte quasi rien en entretien contrairement au trafic routier. A Scharbeek et à Saint-Josse, il faut une circulation mixte donc la voirie doit être partagée aussi bien par les voitures que par les vélos.
Projet du RER ? 2030 ?
Le blocage pour le métro 3 est un projet de grande envergure car grosse infrastructure. Tout cela prend trop de temps car ce métro est annoncé pour 2030. Les trams sont bloqués par les embouteillages donc il faut augmenter les sites propres de la stib pour que la vitesse commerciale d’un tram ne soit pas contredit par le trafic routier.
Erkan Ozdemir / La Manchette