Bernard Clerfayt : La législature de trop à Schaerbeek ?
Bernard Clerfayt, bourgmestre de Schaerbeek depuis 2001, est une figure incontournable de la politique bruxelloise. Issu du parti DéFI (Démocrate Fédéraliste Indépendant), il est parvenu à transformer Schaerbeek, l’une des communes les plus complexes de la capitale belge, en un véritable laboratoire de la gouvernance urbaine. Toutefois, après plus de deux décennies à la tête de la commune, la question se pose : cette législature pourrait-elle être celle de trop pour Clerfayt ?
Un bilan contrasté après 20 ans de gestion
Sous la direction de Clerfayt, Schaerbeek a connu d’importants changements. Il a réussi à améliorer l’image de la commune, autrefois stigmatisée pour son insécurité et ses tensions communautaires. Le quartier a bénéficié de programmes de rénovation urbaine et de mesures en faveur du développement économique local. De plus, Clerfayt a travaillé sur la mobilité, l’environnement, et l’éducation, tentant de faire de Schaerbeek une commune plus moderne et attractive.
Cependant, malgré ces réussites, la critique commence à se faire entendre. Certains Schaerbeekois estiment que Clerfayt incarne désormais un pouvoir fatigué, à l’image d’un leader qui aurait perdu la dynamique de ses premières années de mandat. Le sentiment de lassitude s’installe parmi certains habitants et observateurs politiques, qui déplorent une gestion jugée trop centralisée et une incapacité à renouveler l’équipe en place. D’autres pointent du doigt les conflits internes dans la majorité, notamment avec les écologistes d’Ecolo-Groen, mettant en avant des tensions qui fragilisent la gouvernance locale.
La fatigue politique et les défis non résolus
Bernard Clerfayt a toujours été perçu comme un technicien rigoureux et un gestionnaire capable. Cependant, la longévité au pouvoir peut également mener à des écueils. Après deux décennies à la tête de Schaerbeek, il semble de plus en plus difficile pour lui de maintenir l’élan réformiste qui a caractérisé ses premières années. Des dossiers sensibles, tels que la gestion de la diversité culturelle ou la lutte contre la congestion automobile, n’ont pas toujours trouvé de réponses satisfaisantes sous son mandat.
De plus, certains reprochent à Clerfayt une gouvernance marquée par une certaine rigidité. Malgré des alliances foireuses avec les écologistes, il reste peu enclin à partager le pouvoir ou à s’ouvrir à de nouvelles approches politiques. La cohabitation au sein de la majorité communale est devenue plus difficile, ce qui se traduit par des blocages dans la prise de décision. Ces tensions internes ont parfois laissé penser que Clerfayt peine clairement à maintenir une coalition unie, indispensable pour gouverner une commune aussi diverse que Schaerbeek.
Donc, un leadership contesté ?
À Schaerbeek, des voix commencent à s’élever contre ce que certains considèrent comme une gestion dépassée. Si la transformation de la commune sous Clerfayt est reconnue, de plus en plus de citoyens et d’élus réclament un renouveau politique. La « modernisation » proposée par Clerfayt ne semble plus être au goût des citoyens : goodmove avec un semblant de concertation, une attention accrue aux « bobos » qui arrivent en masse, une erreur comptable du cpas à plusieurs millions d’euros impardonnable dans le climat d’austérité financière qui pèse lourd sur les épaules des schaerbeekois avec un taux de centimes additionnels du précompte immobilier (cadastre) le plus élevé de Belgique !
L’usure du pouvoir est d’autant plus perceptible que les jeunes générations, tant au sein du conseil communal que parmi les habitants, réclament une approche plus inclusive et participative. Ils souhaitent une gouvernance qui mette davantage l’accent sur les enjeux sociaux et environnementaux de la commune. En ce sens, Bernard Clerfayt est accusé d’incarner un modèle de gestion qui ne correspond plus tout à fait aux aspirations de la jeunesse schaerbeekoise.
La législature de trop ?
Pour Bernard Clerfayt, cette législature pourrait bien être celle de trop. Après plus de 20 ans de pouvoir, le moment semble venu pour une remise en question. La question est de savoir si Clerfayt, avec sa longue expérience et son bilan reconnu, parviendra à se renouveler, ou s’il décidera de passer le flambeau à une nouvelle génération.
Certains de ses opposants estiment que la continuité à tout prix pourrait desservir la commune, empêchant l’émergence d’un souffle nouveau nécessaire pour faire face aux défis à venir.
Quoi qu’il en soit, cette dernière législature semble marquer un tournant. Le bilan final de Clerfayt pourrait être déterminant pour la suite de sa carrière politique, mais aussi pour l’avenir de Schaerbeek, une commune en pleine mutation, qui cherche encore son équilibre entre tradition et modernité, diversité et unité.
EO / La Manchette