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Catherine Moureaux : le bulldozer de la gestion de la crise Covid !

Un départ de gestion très rapide

D’abord, quand la pandémie démarre, très vite, je réalise que la commune de Molenbeek a toutes les caractéristiques pour devenir une commune dramatique au niveau du nombre de cas et forcément du nombre de morts. En effet, nous sommes extrêmement nombreux au mètre carré et on vit dans des logements assez petits avec de surcroît des unités familiales où se côtoient des jeunes, leurs parents et leurs grand-parents. Ajoutez à cela, des gens qui sont, en moyenne, plus pauvres qu’au niveau national, tous ses ingrédients pour se trouver face à une bombe explosive au niveau des contaminations.

La pédagogie avant tout !

Donc, immédiatement à partir de mars 2020, nous étions en alerte pour faire énormément de pédagogies concernant le virus. Nous sommes les premiers à lancer une plateforme citoyenne de solidarité, les premiers à lancer un centre de dépistage communal, parmi les premiers à avoir notre centre de vaccination et même avant que la Région soit capable de nous fournir les vaccins !

Au début, c’était des questions comme : Peut-on ouvrir la fenêtre ou pendre le linge?

La plateforme avait pour objectif d’aider les personnes âgées ou à mobilité réduite qui ne pouvaient pas sortir de chez elles dans la première phase de la pandémie et puis, nous avons fait évoluer celle-ci au fil du temps avec un point unique de contact qui est le Call Center du CPAS : liste de courses alimentaires hebdomadaires en faveur de nos ainés en plaçant la commune comme tiers-payante en faisant profiter évidemment le commerce local (de proximité). Approximativement, 600 familles sur 2 mois !

Au CCM, on a aussi initié la production de masques avec un millier de masques au départ. Il faut savoir qu’à ce moment là, la Belgique en cherchait partout ! Puis de manière plus professionnelle et dans un partenariat avec l’école Serge Creuse, on a pu profiter des locaux de couture avec nos bénévoles et une série de personnels communaux pour produire plus de 10 milles masques en local dans les 2 premiers mois de la crise.

Molenbeek, pionnier dans le cadre de la gestion de crise pandémique !

En juillet 2021, on a été pionnier dans l’ouverture du premier centre de dépistage au départ situé au 100 chaussée de Ninove dans une petite maison, propriété communale.

A la fin de l’été avec plus de 300 personnes/jour, on a dû déménager tellement la demande était forte et la petite maison trop petite. On a donc transformé la salle de sports Mohamed Ali en Centre de Dépistage qui fonctionne encore aujourd’hui à plein régime jusqu’à 400 personnes/jour. Toujours pionnier, Molenbeek a toujours fait du testing sans rendez-vous et nous continuons encore à le faire ! Beaucoup de centres nous ont imité par la suite.

Il s’agissait pour moi d’une évidence dans le sens de pouvoir servir tout le monde sans exception. Ainsi, au-delà des barrières parfois trop contraignantes de prise de rendez-vous par téléphone, par PC ou via médecin, la population a encore le choix de faire ses test sans rendez-vous à Molenbeek ! Tout le monde n’a pas les moyens d’avoir un pc, une connexion internet ou d’aller payer une consultation à un médecin !

Centre de vaccination; « J’ai bataillé pour garder l’accès à ce Centre en plein cœur de Molenbeek »

On était prêt un mois avant que les vaccins soient à disposition en Belgique donc on était encore parmi les meilleurs élèves en termes de campagne de vaccination. On a transformé une vieille imprimerie qui appartenait au CPAS en centre de vaccination en plein cœur de Molenbeek au 696 Chaussée de Gand ! Des équipes redoutables sont encore en action aujourd’hui dans nos centres de vaccination et de testing. Je me suis battu pour maintenir l’accès de ce centre car pour moi, il était extrêmement important que Molenbeek ait son centre de vaccination à tout moment. Il y a déjà assez d’obstacles pour se faire vacciner donc encore rajouter des obstacles géographiques était inacceptable !


En Conseil Régional de Sécurité, j’ai demandé l’ouverture d’autres centres de vaccination car en réalité, on était submergé par des gens qui venaient d’autres communes qui ont décidé d’arrêter leurs Centres !

Je ne veux oublier personne dans l’information de la campagne vaccinale !

Encore d’emblée, je voulais aussi une accroche décentralisée de vaccination dans le « Centre historique » (ndlr : bas de Molenbeek). J’ai donc décidé de vacciner sur le marché ! On a vacciné dans la commune au cœur du marché avec le soutien de Franck Vandenbrouck dans cette démarche. Nos ambassadeurs vont sur le marché expliquer aux gens les avantages de la vaccination et que les citoyens peuvent venir le faire tout de suite sans rendez-vous. Nous avons eu jusqu’à 50 personnes/jour devant l’entrée. On a commencé par une demi-journée/semaine pendant le marché, on a étendu avec une deuxième demi-journée et aujourd’hui nous sommes à une cadence de 3 demi-journées aujourd’hui avec 150 à 250 personnes/semaine à la maison communale.

Molenbeek est constituée de 30% de jeunes de moins de 20 ans !

Quant aux chiffres,  il faut rester méticuleux car la population de Molenbeek est constituée de 30% de jeunes de moins de 20 ans. Ce segment a été attrait à la vaccination très tardivement. Pour rester cohérent, il n’y a pas eu de grands efforts nationaux au niveau sociétal pour les convaincre de se faire vacciner dès le départ. On les a même dissuadés car certains auraient voulu l’être avant l’été pour partir en vacances et n’ont pas pu le faire à ce moment là en raison de leur catégorie d’âge.

Par la force des choses, on est donc très mal dans les chiffres ! Quasi 30 % qui sont mis de côté par rapport au pourcentage de vaccination à Molenbeek. Mais, notre taux « toute population » est de 46 % aujourd’hui tout de même. Par contre et plus important, notre population âgée est au-delà des 70 % de vaccinés.

Molenbeek, pionnier dans la bonne information santé !

Ajoutons à tout ceci que nous sommes encore actuellement avec 3 vaccibus/semaine qui tournent en permanence. 2 x/semaine l’antenne (mardi après-midi et tout le jeudi) + 3 vaccibus/semaine dans les quartiers où la vaccination des jeunes est encore mal comprise + le Centre qui fonctionne très fort 6 jours/semaine.

Mon leitmotiv dans le cadre de la vaccination : « puisqu’on a pas obligé la vaccination, être certain que tout le monde ait accès à la vaccination et surtout à une bonne information de celle-ci ! »

Dernière chose : La tendance à faire des amalgames les antivax avec certaines populations qui sont arrivées plus récemment est dangereuse et est le fait d’un racisme souvent du côté néerlandophone de la frontière linguistique et ce n’est correct du tout !

Erkan Ozdemir / La Manchette