Europe

Cavusoglu presse l’UE à avoir une position « claire » à l’égard de la Turquie

Le ministre turc des Affaires Etrangères, Mevlut Cavusoglu a confirmé que des avions de ravitaillement se sont bien envolés de la base aérienne d’Incirlik d’Adana dans le sud de la Turquie, où des soldats américains sont postés, pour fournir du carburant aux avions des putschistes dans la nuit du 15 juillet.

Le ministre turc a répondu aux questions des éditorialistes de l’Agence Anadolu relatives à l’actualité diplomatique de la Turquie.

Il est d’abord revenu sur la tentative de coup d’Etat perpétrée par l’organisation terroriste FETO.

A la question de savoir s’il y avaient des liens entre les putschistes et des forces étrangères, Cavusoglu a répondu: «Une chose est sure: des avions de ravitaillement se sont envolés d’Incirlik. Ils ont joué un rôle important dans cette tentative de putsch. Ces pilotes ont tous été arrêtés. Quels autres contacts et liens il y avait, c’est ce que les enquêtes vont permettre de mettre en lumière.»

Le ministre a rappelé que les soldats américains sont les plus nombreux sur cette base, ajoutant que des soldats d’autres pays y sont également présents dans le cadre de la coopération internationale contre Daech.

Justement, sur la lutte contre Daech, Cavusoglu a indiqué que le contexte particulier que vit la Turquie n’a eu aucune incidence négative sur la coopération contre cette organisation terroriste.

D’ailleurs, le Président de la République turque, Recep Tayyip Erdogan, est une menace directe pour Daech, a dit le ministre «car il est très apprécié et écouté dans le monde islamique et ceci ne plait pas à Daech et c’est pour cette raison qu’ils prennent la Turquie pour cible.»

«FETO et PKK sont des frères de sang, dès que l’un est en difficulté, l’autre prend le relais, c’est pour cela que le PKK a multiplié ses attaques ces derniers jours» a expliqué Mevlut Cavusoglu.

Le chef de la diplomatie turque est ensuite revenu sur les relations de son pays avec l’Occident et en particulier avec l’Union Européenne (UE).

Il a fustigé les Européens qui selon lui veulent imposer leurs conditions sans contrepartie.

«Notre Président a déclaré que l’accord sur les réfugiés ne tiendraient plus si l’UE n’honore pas son engagement sur l’exemption de visas. Dans le contexte terroriste auquel la Turquie est confronté, il n’est pas acceptable que l’UE nous demande de changer notre législation antiterrorisme. Plus tard, nous pourrons discuter de cela, mais pas pour l’heure», a-t-il expliqué.

Cavusoglu a sévèrement dénoncé les propos empreints de menaces de certains leaders européens concernant l’avenir des relations Turquie-Union Européenne.

«Si l’UE veut perdre la Turquie qu’elle le dise ouvertement. Si elle veut mettre fin aux négociations d’adhésion qu’elle le déclare. Qu’ils prennent enfin une décision claire et nette et qu’ils arrêtent de nous faire tourner en rond. Alors que l’UE devrait nous soutenir plus fortement après ce coup d’Etat raté, elle nous menace. Pourquoi ?», a-t-il lancé.

Sur le rapprochement avec Israël, Mevlut Cavusoglu a indiqué que le gouvernement prévoit de faire passer l’accord sur la normalisation avant les vacances parlementaires.

«Israël a rempli nos conditions. Comme convenu, nous allons donc au plus vite faire le nécessaire pour normaliser nos relations», a-t-il dit.

Par ailleurs, le ministre a rappelé la volonté du gouvernement de renouer le dialogue avec d’autres pays de la région avec qui les relations ont connu des difficultés ces dernières années.

«Avec l’Egypte, nous avons eu des difficultés à la suite de notre rejet du coup d’Etat [éviction de Morsi par al-Sissi, ndlr] et sur la crise syrienne. Mais notre volonté est de multiplier nos amis, pas nos ennemis. Après le départ de l’ex-premier ministre irakien Maliki, nous avons pu reprendre le dialogue pour revenir à un niveau de relations plus élevé. Nous avons la même volonté avec l’Arménie», a-t-il expliqué.

Cavusoglu a ajouté que la crise avec l’Egypte a aussi des répercussions négatives dans les relations avec d’autres pays de la région, notamment avec l’Arabie Saoudite et les Emirats Arabes Unies (EAU).

«Nous n’avons jamais voulu avoir de mauvaises relations avec Le Caire. Mais après le coup d’Etat, les liens ont été rompus et toutes nos inquiétudes se sont révélées justes : l’insécurité est grande, l’économie est en mauvaise état, il y a des condamnation à la peine de mort. Tout ceci met en danger l’avenir de l’Egypte. Nous voulons bien sur retrouver de bonnes relations, mais tant que la situation est ainsi, il ne faut pas attendre un changement radical», a-t-il poursuivi.

Pour finir, le chef de la diplomatie turque s’est exprimé sur la situation en Syrie.

Il a indiqué que les efforts de la Turquie se poursuivent pour trouver, tant en Syrie qu’avec les pays de la région, une solution politique à la crise et pour permettre l’ouverture de corridors humanitaires.

«La Turquie soutient pleinement tous les efforts des Nations Unies pour une solution politique en Syrie», a-t-il dit.