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Un voyage entre rires et mélancolie : “Avant, c’était un très beau parc”

Le spectacle « Avant, c’était un très beau parc », présenté par les humoristes Oussama Benali et Ismael Akhlal, plonge les spectateurs dans une réflexion tendre et percutante sur l’histoire de l’immigration notamment turque et marocaine en Belgique.

À travers une performance mêlant humours et émotions, les deux artistes revisitent un pan méconnu ou pas assez connu de l’histoire belge, celui de 1964, lorsque des accords bilatéraux ont amené des travailleurs venus du Maroc et de Turquie pour occuper des postes que les Belges refusaient de pratiquer.

Une fresque historique et personnelle

Sur scène, Benali et Akhlal jouent avec les contrastes entre deux mondes : celui des premiers immigrés, venus chercher une vie meilleure tout en restant attachés à leurs racines, et celui de leurs descendants, qui jonglent avec une double identité culturelle. Avec un ton juste, ils évoquent les sacrifices des premières générations d’ouvriers, confrontés à des conditions de travail rudes dans les mines ou sur les chantiers, loin de leurs familles et de leurs terres natales.

Rires pour apaiser les blessures

Si le sujet est grave, l’humour n’en est pas moins omniprésent. Les anecdotes sur les chocs culturels, les dialogues intergénérationnels et les quiproquos offrent des moments de légèreté. Benali et Akhlal n’hésitent pas à caricaturer les situations absurdes auxquelles les immigrés étaient confrontés, comme les attentes irréalistes des employeurs ou l’adaptation à une Belgique parfois peu accueillante. Un devoir de mémoire à la catastrophe du Bois de Cazier à Charleroi était aussi l’occasion de rappeler les difficultés ô combien surmontées par toute une génération d’ouvriers italiens. Celle-ci généra finalement les générations « x » et « y » sacrifiées trop facilement sur l’autel de l’opportunisme d’un système belge qui envisageait trop vite un retour aux pays de cette population usée par le labeur.

Hasan Koyuncu, le candidat-bourgmestre ayant le score électoral personnel le plus haut de Schaerbeek a même été invité sur scène pour partager un moment d’humour avec les deux humoristes.

Mélancolie et hommage

Le spectacle, cependant, ne se limite pas au rire. Les instants de mélancolie, portés par des récits poignants, rappellent les déchirements familiaux, le mal du pays et le sentiment de déracinement qui ont marqué cette première génération. Les artistes rendent hommage à ces hommes et femmes qui ont contribué à construire la Belgique moderne, souvent au prix d’un lourd sacrifice personnel.

Une expérience universelle

Au-delà de l’histoire marocaine et turque, « Avant, c’était un très beau parc » touche à des thématiques universelles : l’exil, l’identité et la résilience. À travers leurs performances, Oussama Benali et Ismael Akhlal créent un pont entre les générations et les cultures, permettant aux spectateurs de mieux comprendre un passé encore trop souvent ignoré.

Le spectacle, à la fois drôle, émouvant et pédagogique, promet d’être une expérience inoubliable. Que l’on soit descendant d’immigrés ou non, « Avant, c’était un très beau parc » invite chacun à réfléchir sur l’histoire partagée et les contributions essentielles de ces populations à la société belge.

Un rendez-vous à ne pas manquer pour célébrer la mémoire et l’héritage de ces pionniers de l’immigration, tout en riant aux éclats.

La comparaison la plus adéquate pour résumer le spectacle serait de rappeler la liesse populaire lors du grand départ des ouvriers en partance pour l’inconnu à partir de leur pays d’origine mais ayant le coeur déchiré par l’abandon des siens.

Parmi les invités, un parterre de politiciens composés de notamment Hasan Koyuncu, Ibrahim Donmez, Abobakre Bouhjar, Hassan Bousseta, Said Benhammou et Fadila Laanan était présent.

EO / La Manchette