“La formation des imams : un grand pas dans le parcours d’institutionnalisation de l’Islam en Belgique.”
Depuis la reconnaissance de l’Islam par la Belgique en 1974 et plus particulièrement après la mise en place de l’Exécutif des Musulmans de Belgique, reconnu par l’Etat comme organe représentatif de la gestion du temporel du culte islamique, d’importantes avancées ont été réalisées dans notre pays.
L’organisation des cours de religion islamique dans les écoles publiques, la reconnaissance des communautés islamiques locales à travers les mosquées par les régions, l’attribution des cadres de secrétaires de culte rattachés à l’Exécutif des Musulmans de Belgique, les cadres de ministres de culte dans les mosquées, les conseillers islamiques dans les établissements pénitenciaires ainsi que dans l’armée et dernièrement le cadre de prédicatrices et théologiennes avec la prise en charge par le ministère de la justice, constituent des progrès remarquables dans l’institutionnalisation de l’Islam en Belgique.
C’est avec gratitude et reconnaissance que nous rendons hommage à tous ceux qui ont positivement contribué à cette réussite depuis la reconnaissance de l’Islam en 1974 jusqu’à nos jours.
Les musulmans de Belgique dans toute leur diversité sont désormais capables de se parler, de s’entendre mais aussi de parler d’une seule voix sur les sujets qui touchent l’Islam et les musulmans de notre pays.
Si l’Exécutif des Musulmans de Belgique est avant tout un outil très important pour permettre aux musulmans de réaliser leurs objectifs dans le cadre de ses prérogatives, le Conseil de Coordination des Institutions Islamiques de Belgique fondé par les institutions coupoles de notre communauté est, quant à lui, un acquis pour l’unité de notre communauté et pour notre stabilité institutionnelle.
C’est avec la coopération de ces institutions que nous avons pris en main le destin de notre communauté dans bien des domaines. Dès 2016, à l’initiative du Bureau de l’EMB, une commission de concertation composée du Bureau de l’EMB, des membres du Conseil de Coordination ainsi que des membres du Conseil des Théologiens a été mise en place pour réfléchir à une structure adaptée aux besoins de la communauté musulmane de Belgique pour former des cadres de l’Islam en prenant en considération le contexte Belge. Un groupe de travail a été désigné parmi les membres de cette commission afin de préparer un travail en concertation avec le Ministère de la Justice. Ce travail concerté a produit ses effets avec un projet de statuts pour la création d’une académie. Ce projet a été ensuite adopté à l’unanimité par les membres de la commission de concertation, l’assemblée générale de l’académie et en date du 12/04/2019 les statuts de l’AFOR (Académie de Formations et de Recherches en Etudes Islamiques) ont été publiés au Moniteur Belge.
Concrètement, l’Académie a, entre autres, pour prérogative de préparer des programmes de formation dans deux domaines distincts: les sciences sociales et les sciences religieuses islamiques pour former des cadres de l’Islam en Belgique.
Cette formation est avant tout destinée à ceux qui souhaitent étudier les sciences islamiques après les humanités. Elle ne concerne pas ceux qui ont déjà achevé des études supérieures en sciences islamiques ou équivalent et qui sont déjà en fonction,. L’AFOR, par contre, pourra accorder une accréditation à ceux qui se trouvent dans cette situation. L’AFOR organisera aussi des formations continues
L’Académie a signé une convention avec deux prestigieuses universités belges francophones et néerlandophone qui sont la KULeuven et l’UCLouvain pour dispenser les cours nécessaires dans le cadre de la formation civile de l’AFOR. Comme ces cours sont déjà disponibles au sein de la KULeuven, l’AFOR bénéficiera de ceux-ci grâce aux protocoles d’accord. Au sein de l’UCLouvain et en accord avec l’AFOR, deux certificats universitaires ont été créés et bénéficient de l’agrément de l’ARES (Académie de recherche et d’enseignement supérieur)
Le programme en sciences islamiques est une matière qui relève exclusivement du domaine de l’AFOR. Quel que soit la durée de la formation civile qui est prévue pour deux ans, le programme en sciences religieuses islamiques, quant à lui, durera 4 ans.
Par ailleurs, l’actualité de ces derniers jours a fait resurgir la question de la formation des imams en Belgique et nous constatons avec regret que la répercussion dans la presse de certaines informations recueillies à ce sujet a provoqué une série de malentendu et de confusion. C’est pourquoi nous tenons à clarifier certaines informations qui ont fait l’objet d’une mauvaise interprétation.
Comme nous l’avons pu évoqué à plusieurs reprises dans le passé, la formation des imams en Belgique n’est pas une question qui relève des pouvoirs publics ni même des universités.
Cette prérogative revient à la communauté dans le cadre du principe de la liberté de culte. Il s’agit donc pleinement d’un projet de la communauté musulmane de Belgique et le fruit d’une coopération entre ses différentes institutions. Nous reconnaissons bien entendu l’implication du gouvernement fédéral comme partenaire facilitateur et par cette occasion, nous remercions vivement le Ministre de la Justice pour sa disponibilité et son encouragement dans la préparation de ce projet.
Nous remercions également la KULeuven et l’UCLouvain pour s’être engagées dans un partenariat avec l’AFOR et nous saluons leur investissement pour avoir apporté une contribution à notre projet.
Pour finir, nous espérons pouvoir servir notre communauté à travers ce projet et bien d’autres dans le futur afin d’apporter notre pierre à l’édifice pour une institutionnalisation de l’Islam pleinement réussie et qui s’inscrit parfaitement dans le contexte de notre pays.
Pour le l’Exécutif des Musulmans de Belgique
Mehmet USTUN, Président
Pour l’Académie de Formations et de Recherches en Etudes Islamiques
Salah ECHALLAOUI, Président
Pour le Conseil de Coordination des Institutions Islamiques de Belgique
Coskun BEYAZGUL, Porte-parole
Pour le Conseil des Théologiens
Taher TUJGANI, Président