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Le gaz vers l’Europe: le plus gros moyen de pression de la Turquie !

Considéré comme le plus long et le plus profond gazoduc sous-marin du monde, cette installation reliant la Méditerranée orientale au sud de l’Europe nécessitera un budget global de 6,2 milliards de dollars (5,8 milliards d’euros), mais contribuera à limiter la dépendance à l’égard du pipeline Nord Stream via la Russie, au profit du gaz issu des gisements aux larges des côtes chypriotes et israéliennes. « Le flux nord est un pipeline (qui) n’ajoute rien à la sécurité d’approvisionnement » et « Chypre et Israël sont des fournisseurs très fiables », explique Miguel Arias Canete.

Les réserves de gaz et de pétrole dans la région sont potentiellement considérables. Le petit Etat du Proche-Orient a mis au jour jusqu’à présent plus de 900 milliards de mètres cubes de gaz naturel et les nouvelles réserves découvertes pourraient atteindre près 2.200 milliards de mètres cubes, et 6,6 millions de barils de brut. D’autres gisements de gaz ont également été découverts au large de Chypre, et l’île méditerranéenne a d’ores et déjà autorisé des compagnies d’hydrocarbures à mener des explorations supplémentaires.

Les études de faisabilité de ce nouveau pipeline ont été achevées, mais le développement du projet ne devrait pas commencer avant plusieurs années, pour une mise en service possible dans le meilleur des cas aux alentours de 2025.

Et, c’est éventuellement à cause du coût pour l’exploitation technique de ces gisements (on parle du 3 km de profondeur !) que le projet l’aboutissement de ce projet devient une affaire périlleuse. A ce coût dépassant toute estimation normale, s’ajoute la concurrence avec le prix du gaz russe qui pourrait envoyer le projet directement aux oubliettes.

En effet, le gaz russe sera considéré comme « bon marché » par rapport à toute cette méga-infrastructure dont le prix sera évidemment facturé aux clients finaux que sont les européens.

Enfin, outre ce projet de gazoduc marin, Israël travaille actuellement sur toutes les voies possibles pour atteindre l’Europe, et l’option turque semble également privilégiée au regard de son faible coût.

Du point de vue d’Israël, acheminer du gaz vers l’Europe à travers la Turquie serait en effet le chemin le plus rentable, et les deux pays ont entamé fin 2016 des pourparlers relatifs à la construction d’un nouveau gazoduc reliant Israël et la Turquie. « Les deux pays ont décidé d’entamer immédiatement un dialogue (…) dans le but d’examiner la possibilité et la faisabilité d’un tel projet (qui) pourrait nous permettre d’acheminer du gaz naturel d’Israël vers la Turquie, et à travers la Turquie vers l’Europe », expliquait alors le ministre israélien de l’Energie Yuval Steinitz dans un reportage donné au site lenergeek.com

Erkan Ozdemir / La Manchette