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Lettre ouverte : PKK = Bon ou mauvais terroriste ?

Ces derniers temps, la communauté turque de Belgique est en proie à une certaine incompréhension. En effet, les derniers événements liés aux différentes activités à l’effigie d’Abdullah Ocalan (maître penseur du PKK) placent les turcs dans une position d’émoi par rapport à leur appartenance identitaire.

Il y a, en effet, dans le chef de certains ténors de parti belge, une adhésion à la sauvegarde des idéologies de minorités sur le territoire belge. En principe, aucune maldonne n’est à jouer de cette conception de protectorat sauf qu’il y a là certaine chose à éclaircir.

Par ces temps où la menace terroriste en Belgique a atteint un paroxysme jamais égalé, la question qui se pose est de savoir si, dans le fonds il est judicieux de permettre des marches ou activités anti-Erdogan (70 % de la communauté turque de Belgique) ?

Il y a clairement matière à débat mais la question est plus profonde que celle énoncée. Le cheminement est plutôt de savoir si cette période de mal-être de la Turquie par rapport aux valeurs occidentales est une raison assez valable que pour permettre des dérives d’apologie de terrorisme ?

En réponse à ma question, je pourrai tout de suite répondre par : mais la liberté d’expression ?

Nous nous accordons tous à dire que l’article 10 de la Convention européenne des droit de l’homme prône la liberté de d’expression des personnes et que ce droit recouvre cette liberté dans quasi toutes ses formes (d’ailleurs, la Turquie a été plusieurs fois déroutée sur plusieurs de ces plaintes à la Cour européenne des Droits de l’Homme concernant des manifestations faites par des kurdes pro-PKK).

Dès lors, la liberté d’expression des membres d’un groupe terroriste a-t-elle des limites ?

Pour répondre à cette question, il ne faut pas omettre que toujours selon l’article 10 de la Convention européenne des droits de l’homme, il appert qu’il y a aussi trois conditions dans lesquelles les États peuvent se permettre de la limiter :

  • la loi doit être suffisamment claire pour que chacun puisse prévoir les conséquences de ses actes ;
  • il faut protéger des droits et des objectifs d’intérêt général, c’est-à-dire concernant le bien-être de tous les citoyens comme la sureté publique, la protection de la santé ou de la morale ou encore la protection de la réputation ou des droits d’autrui ;
  • il faut que ces décisions atteignent le moins possible la liberté ; autrement dit, elles doivent être proportionnelles aux dangers

Partant sur ces limites énoncées de l’Etat et nonobstant le climat actuel, je ne peux faire fi de poser cette dernière question ouverte qui s’adresse à tous les ténors de parti de Belgique :

Le niveau d’alerte 3 de l’OCAM n’est-il pas une raison valable pour éviter à l’avenir de contribuer en faveur de toutes activités qui, selon les limites de réputation ou des droits d’autrui, vont en contradiction avec une gestion optimale de liberté d’expression ?

Erkan Ozdemir / La Manchette

Source photo : yenivatan.be