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L’injustice de Turkish Airlines Belgique pour les vols Eskisehir ?

Il y a parfois des sujets qui représentent en somme un cri d’alarme du peuple. Dans le même registre, le sujet traité ici esquisse réellement une injustice remontée par les citoyens de la communauté turque de Belgique.

A priori, cette préoccupation a déjà, à plusieurs reprises, été remontée à la lumière du jour par plusieurs personnes issues de la commune de Schaerbeek.

Pour en revenir au sujet qui nous occupe, après plusieurs investigations et recherches, il appert que la société Turkish Airlines Belgique donne le privilège de vente d’une destination très convoitée à une unique agence de voyages bien connue à Bruxelles.

La destination en question est Bruxelles (from Brussels Airport) en direction d’Eskisehir (to Hasan Polatkan havalimani). Cet aéroport d’Eskisehir fait partie intégrante d’une base militaire des forces aériennes turques. C’est donc véritablement un aéroport militaire destiné uniquement aux vols de l’armée de l’air turque et qui offre un droit saisonnier d’atterrissage à certains vols charters comme TUI Fly Belgium (Ostende et Bruxelles), tout ceci officiellement à partir du 6 avril 2017.

D’aucuns doivent savoir que, pendant la haute saison, l’aéroport d’Eskisehir accueille un très grand nombre de voyageurs en raison de sa proximité avec Emirdag (l’origine de quasi toute la population turque de Belgique).

Dans ce schéma, il n’existe donc aucun droit d’atterrissage à la compagnie nationale turque Turkish Airlines qui, jusqu’à preuve du contraire, n’intègre dans sa flotte aucun vol « charter ».

Il n’est pas à omettre non plus que des compagnies « partners » comme Anadolu Jet ou Sun Express etc. (low-cost liés à Turkish Airlines) n’intègrent pas l’aéroport d’Eskisehir dans leur destination.

Or, selon un « deal » implicite entre la représentation de THY (Turk Hava Yollari) en Belgique et l’agence de voyages en question, la vente de billet pour Eskisehir est déléguée à l’unique point de vente mentionné plus haut. Les avions seront “loués” par l’agence de voyages en question.

Une potentielle redistribution de billets aux autres agences de voyages non-privilégiées par THY est laissée à l’appréciation du bon vouloir de l’agence privilégiée.

Par ailleurs, cette concurrence déloyale ouvre la porte à plusieurs questions.

  • Pourquoi est-ce qu’une destination aussi prisée par les turcs de Belgique en été (environs 70 % des ventes) n’est « offerte », de manière oligarchique, qu’à une seule agence de voyages de Bruxelles?
  • Quid de la clause de concurrence européenne qui prône sans demi-mesures la protection des consommateurs européens?
  • Pourquoi le groupe qui chapeaute THY en l’espèce « Star Alliance » ne compte pas parmi ces 1300 aéroports desservis la destination d’Eskisehir ? http://www.staralliance.com/fr/web/staralliance/airport-details
  • Comment justifie t’on la différence de prix défavorable pour Eskisehir par rapport à des vols long courriers à destination par exemple du Japon (moins cher !) ?

En outre, implacablement, l’agence de voyages impose ces tarifs aux consommateurs et aussi aux autres agences de voyages. Cette position dominante joue évidemment un rôle d’abus de pouvoir.

Par ailleurs, l’Union Européenne prône une réglementation dans le domaine de la concurrence visant à assurer des conditions justes et équitables aux entreprises, tout en favorisant l’innovation, l’harmonisation des normes et le développement des petites et moyennes entreprises (PME).

Pis, la législation européenne interdit aux entreprises:

  • de s’entendre sur les prix ou de se répartir les marchés;
  • d’abuser d’une position dominante sur un marché pour éliminer des concurrents plus petits;
  • de fusionner, si cette opération leur permet de contrôler le marché.

Enfin, le groupe « Star Alliance » auquel est lié Turkish Airlines (dans sa catégorie “Star”) ne compte aucun vol régulier vers Eskisehir. Ce groupe en question décide tout de même de s’ouvrir sur une plateforme « low costs » pour compléter les demandes des clients ; quand bien même c’eut été le cas, THY n’est pas une compagnie « low-cost » !

L’accord entre THY Belgique et l’agence de voyages est tellement ancré sur de bonnes bases que certains critères sont négociés comme :

  • augmentation du droit de bagages à 30 kg en lieu et place de 20 kg du low-cost habituel
  • distribution de repas chaud gratuit

Finalement, la dernière information obtenue est que les 7 vols journaliers de THY à partir de Brussels Airport vers Istanbul-Ataturk airport sont diminués à 5 vols. Toujours est-il que le but final de cette manœuvre est de diminuer le panel du choix des voyageurs sur d’autres possibilités de vols plus intéressants de THY. En effet, le choix des voyageurs, voyant le prix des vols pour Eskisehir atteindre des records, se pose sur d’autres aéroports turcs comme Istanbul ou Ankara qui sont bel et bien repris dans la base de données des aéroports desservis par le groupe « Star Alliance ». Précisons aussi que les vols THY pour Ankara-Esenboga sont bizarrement aussi tous annulés.

La raison invoquée est peut-être le statut financier de l’activité de THY qui accuse une grosse diminution (par rapport au benchmark 2015) due aux diverses décisions géopolitiques. A cela, il serait opportun d’ajouter la diminution du tourisme en raison des attaques de plusieurs groupements terroristes en Turquie.

Tous ce cheminement et toute cette problématique de questions restées encore ouvertes (après 2 ans de flambée des prix du vol Eskisehir) nous donnent à penser que les citoyens-consommateurs belges de cette destination convoitée sont obligés de manger dans le creux de la main d’une agence de voyages et cela n’a rien de très catholique !

Erkan Ozdemir / La Manchette