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Piétonnier d’Yvan Mayeur (PS): la cohue dans le monde des Cohiba

Décidemment, les avis sur le piétonnier de Bruxelles n’en finissent pas.

D’un côté, on a évidemment le camp des « pour » avec des arguments protectionnistes d’une économie bruxelloise qui s’essouffle à petit feu. On peut aussi noter l’argumentation d’une effective attraction touristique en recherche d’espace plus large pour mieux visiter la ville de Bruxelles.

De l’autre côté, on a le camp des « contre » (majoritaire) qui fonde leur défense sur une argumentation opposée en accusant une perte vertigineuse du chiffre d’affaire des commerces de proximité. On parle aussi de l’éternel sentiment d’insécurité lié aux faits que beaucoup de gens des communes environnantes viennent ventouser les espaces piétonniers sans demi-mesure.

C’est la raison pour laquelle, avec l’intermédiation d’un député bruxellois très connu, nous décidons d’investiguer pour une énième fois de manière proactive pour écouter les propos d’un commerce de manière impartiale.

Dans cette démarche, nous avons pris rendez-vous avec Philippe, le gérant de « La Tête d’Or ».

Il s’agit en effet d’un commerce situé à la Grand Place dont l’enseigne porte le nom de la rue sur laquelle il a pignon.

D’emblée, le commerce est sis sur un rez-de-chaussée luxuriant qui offre à sa clientèle uniquement des produits de marque dans un éventail illimité de cigares et de whiskies.

Philippe, qui nous accueille, nous rapporte les méfaits découlant de cette réglementation du piétonnier.

Selon ses dires, depuis le nouveau règlement communal bruxellois sous l’orchestration de son bourgmestre socialiste Yvan Mayeur, les commerces de proximité jouxtant le piétonniers sont sur une pente de déclin.

Philippe nous relate que, pour son cas, la perte sèche du chiffre d’affaires se situe entre 25 à 30%. Il indique aussi les nuisances liées au fait que les gens s’approprient la rue de manière indécente. Il y a une augmentation de la mendicité et des sans-abris qui viennent dormir devant les commerces.

Soucieux de l’actualité liée à son commerce, Philippe participe aussi de manière assertive aux réunions proposées par les comités de commerçants accusant les même maux mais le dialogue est totalement mis à l’arrêt par les autorités communales.

En effet, un dialogue de sourds oppose farouchement les commerçants aux autorités communales pour lesquelles tout va bien dans le meilleur des mondes avec ce projet de quartier.

Les hôtels ferment leurs portes, plusieurs commerces ont déjà mis la clef sous le paillasson et le risque de recrudescence de faillites commerciales n’est pas encore à échéance.

Enfin, Philippe propose qu’Yvan Mayeur vienne finalement prendre la tension aux abords de sa maison communale pour in fine peut-être encore changer l’architecture mal pensée du projet socialiste du piétonnier. Le parti socialiste, pris dans une tourmente perpétuelle de déchaussement (selon les sondages), n’aura fatalement aucun intérêt à réagir dans le sens inverse.

Dans la série des gros Cohiba, est-ce que le PS tira davantage de désintérêts de cette cohue ?

Erkan Ozdemir / La Manchette