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Schaerbeek : le mot « islamophobie » fait débat au Conseil Communal de mars 2019 !

« Nous invitons l’ensemble du conseil à soutenir cette motion.

  • Considérant que la société n’est pas à l’abri du climat de haine et de peur, comme en témoignent les événements comme les récents actes terroristes insensés qui se sont déroulés en Nouvelle-Zélande ce 15 mars dernier. N’oublions jamais les attentats terroristes qui ont secoué notre pays le 22 mars 2016.
  • Considérant qu’il soit primordial pour notre cohésion de condamner toutes formes de racisme systémique, d’intolérance et de discrimination sans distinction.
  • Considérant qu’il soit nécessaire de rappeler que le racisme n’est pas une opinion dans notre pays mais un délit.
  • Considérant que la commune doit se doter de tous les moyens possibles pour lutter contre toutes les formes de radicalismes qui engendrent le racisme et dans le pire des cas des tueries. »

Jusqu’ici cette motion est une première dans le genre déposée par un élu de l’administration à la commune de Schaerbeek. Précédemment, Mahinur Ozdemir avait déjà soutenu un texte à propos de notamment « La place des femmes dans la société belge » dans lequel elle évoquait jadis l’émancipation des femmes et des jeunes filles notamment à travers une « Maison des femmes et le développement d’une structure de coordination des activités visant à l’émancipation. » (extrait tiré du bulletin du conseil communal du 16 décembre 2009)

Donc, jusqu’à présent et cela parait assez incroyable, rien n’avait été introduit officiellement sous forme de texte légal quant à la place des femmes voilées dans une structure communale et par extrapolation de l’islamophobie (la note de politique générale reprend, à juste titre, le combat mené par la commune contre toutes formes de racismes).

Chose désormais faite par le chef de groupe PS, Abobakre Bouhjar qui dépose sa motion et demande au collège de :

« diffuser un message clair au travers de tous ses canaux en réaffirmant très clairement que notre commune ne tolèrera jamais sur son territoire des comportements antisémites, islamophobes, négrophobes, homophobes ou toutes attitudes discriminantes.

Nous encourageons la commune de poursuivre son travail contre les radicalismes car il y en a plusieurs. »

Donc, par conséquence de chose, Abobakre Bouhjar demande à la commune d’inscrire à son budget afin « que la commune puisse soutenir ces victimes de discriminations croisées en envisageant que la commune puisse se porter partie civile ou en mandatant des organisations spécialisée en la matière ».

Enfin, le chef de groupe termine par inviter les membres du Collège à faire : « examen de conscience, sans vouloir vous paraître arrogant mais il est maintenant plus que nécessaire de reconsidérer une série de règlements que les différentes majorités qui se sont succédées ont votés au travers des législatures précédemment et qui de notre point de vue sont clairement discriminants. » et il évoque même l’exemple de la commune de Gand laquelle a changé son règlement de travail afin de permettre aux femmes voilées de travailler au sein de l’administration communale.

La motion est lue et les remarques, sollicitations de chacun sont communiquées.

L’ex-échevin Bernard Guillaume réagit en réclamant une définition de l’islamophobie. Ce qui évidemment entraîna une ribambelle d’interpellations des élus musulmans incompris présents dans la salle.

Sihame Haddioui, échevine Ecolo de la Culture et de l’égalité des chances, emboita le pas d’emblée en signifiant :

« Dans tous les cas, ceux qui penseraient éventuellement que l’islamophobie serait sous protectorat de la liberté d’expressions, je les inviterai juste à confesser cet argument de liberté d’expression aux orphelins Isnasni de la rue Vanderlinden dont les parents ont été assassinés par un radical d’extrême droite. L’islamophobie tue. Au même titre que l’antisémitisme, l’homophobie, la négrophobie et toutes formes de xénophobie.

En tant qu’échevine de l’égalité des chances, je condamne toutes les formes de haine avec la plus grande force » nous rappelle l’échevine Sihame Haddioui par téléphone.

Abobakre Bouhjar avoue que :

« Afin de préserver un débat intellectuel, il faut avouer que le conseiller communal Guillaume voulait juste obtenir la version exacte du mot « islamophobie » de ma motion. Et, effectivement les gens ont tout à fait le choix d’user de leur liberté d’expression et d’être islamophobes au même titre que négrophobes ou même homophobes. Par contre, les actes islamophobes, négrophobes ou homophobes sont répréhensibles par la loi et par conséquent sont illégaux. » indique le chef de groupe PS de 1030 Bouhjar.

Youssef Hammouti du PTB schaerbeekois est moins mitigé dans sa version :

« Boujhar a demandé que cessent tout les discriminations à l’emploi au sein de l’administration communale. En ce comprises, celles faites contre les femmes voilées. Il a donc parlé d’islamophobie. Bernard Guillaume est intervenu et a donné sa définition du mot islamophobie en disant qu’il s’agissait de la peur de l’islam, sous-entendant qu’on avait le droit d’être islamophobe. Et qu’on ne devait pas empêcher les gens de pouvoir critiquer l’islam. L’échevine Sihame Haddioui lui a lancé que l’islamophobie serait un délit et non une option, au même titre que l’homophobie ou la négrophobie. C’est à ce moment que j’ai réagis en critiquant le fait qu’on revienne toujours au sens littéral du mot islamophobie, à savoir peur de l’islam mais que les autres formes de racismes il y avait toujours un consensus pour le comprendre. Par exemple, homophobe, la haine de l’homosexuel. Il y a donc une hypocrisie. » clôture le débat Youssef Hammouti du PTB 1030.

Les tentatives téléphoniques en vue d’obtenir les versions respectives de Guillaume ou de Clerfayt sont restées vaines ce vendredi après-midi.

Erkan Ozdemir / La Manchette