Théâtre La Monnaie: Ce que Wagner et Tetris ont en commun
Ce jeudi 19 avril 2018, le Théâtre Royal de la Monnaie à Bruxelles présentait la première de l’opéra de Wagner Lohengrin. Le décor de plus de 20 tonnes, qui atteint 30 tonnes lorsque viennent s’ajouter jusqu’à 90 personnes dans ses étages, est monté sur un tout nouveau plateau tournant intégré. Un défi pour l’équipe de production qui utilisait pour la première fois les nouvelles machineries du théâtre.
Un opéra du XIXe siècle avec la technique du XXIe siècle
Wagner a écrit son Lohengrin, l’histoire d’un chevalier du Moyen-Âge, en 1848. 170 ans plus tard, cet opéra est toujours extrêmement populaire, comme en témoigne le grand intérêt du public belge.
La production utilise les dernières avancées techniques de la salle de la Monnaie, ce qui ajoute un aspect tout à fait contemporain à la musique et à l’histoire. L’ensemble du décor repose ainsi sur un immense plateau tournant intégré à la scène, qui offre au public une visibilité optimale. Ce plateau tournant est commandé par quatre moteurs permettant un fonctionnement sans heurt.
Tous les éléments, dont certains pèsent 5 tonnes, sont montés sur roues et peuvent bouger indépendamment. Cela a été rendu possible notamment par la remise à plat du plancher de scène, qui, avant les travaux de rénovation, possédait une pente de 4 degrés, ce qui rendait ce type de mouvement presque impossible.
Lohengrin demande cependant encore une importante main-d’œuvre technique : en plus des nombreuses manœuvres, 3 toiles peintes doivent être manipulées manuellement à l’aide d’une machinerie à l’ancienne. L’utilisation de cordes de levage fait partie des techniques traditionnelles de l’opéra qui était autrefois très lié au monde de la marine et dont le vocabulaire y est encore très présent.
Un jeu de Tetris en version XXL
Le décor de 8 mètres de haut a été construit en 5 jours.
« Tous les éléments doivent s’emboîter : cela ressemble à un énorme jeu Tetris », explique Marc Dewit, responsable de la production technique. Pendant les répétitions, chaque technicien s’est exercé à remplir un rôle très précis afin que ce « jeu de Tetris » soit parfaitement intégré à la mise en scène. Au total, ce sont 60 personnes qui travaillent derrière la scène (maquillage, habillage, régie, …) dont 16 techniciens en charge des déplacements des différents éléments.
L’équipe technique garantit également la sécurité des artistes sur scène : les 83 choristes doivent par exemple évoluer sur les quatre étages du décor reproduisant un vieux théâtre en ruine. « Ce décor est régulièrement mis en mouvement par le plateau tournant. Les chanteurs sujets au vertige doivent alors surmonter leur appréhension », explique Marc Dewit.
Erkan Ozdemir / La Manchette