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Turquie : À 95 ans, Haci Mehmet Keskinbalta ne renonce pas à veiller sur la démocratie

AA – Izmir

Du haut de ses 95 ans bien sonnés, Haci Mehmet Keskinbalta ne renonce pas à veiller sur la démocratie.

Descendu à la place de Konak à Izmir avec l’aide de ses proches, Keskinbalta manifeste pour la démocratie depuis le 15 juillet, le premier jour de la tentative de coup d’État.

Le drapeau de la Turquie dans sa main, Keskinbalta entonne les hymnes autant que possible.

Interviewé par l’Agence Anadolu, Haci Mehmet Keskinbalta a déclaré qu’il est né à Kangal, district de la province de Sivas (Anatolie centrale) en 1921, et qu’il a participé à la Seconde Guerre Mondiale pendant quatre ans.

« Nous portions des bottines et des vêtements rapiécés, nous mangions très peu à l’époque, mais je n’ai jamais vu une telle chose, a-t-il déclaré, ajoutant que la Turquie essayait de se protéger des menaces alors. Ces gens infâmes [les putschistes] insultent la République de Turquie. Ils sont hostiles à leur propre peuple. Ils n’ont ni religion, ni foi. Un Turc pourrait-il tirer sur un autre Turc? Pourquoi tirer sur son propre peuple? »

Rappelant qu’il a aussi survécu aux coups de 1960 et de 1980, Keskinbalta a affirmé n’avoir assisté à aucun tirs des militaires sur les gens.

« J’ai pleuré pour les martyrs et les blessés quand j’ai appris la tentative et les événements, a déclaré Keskinbalta. Je suis descendu dans la rue parce que le président [Recep Tayyip Erdogan] nous a appelés. Je suis venu pour mourir pour mon peuple et mon État. Je ne suis pas fatigué malgré mon âge. »

Des membres de l’organisation terroriste parallèle FETO dirigée par Fetullah Gulen (personnalité religieuse en exil volontaire aux États-Unis d’Amérique), infiltrés dans l’Armée turque, ont tenté un soulèvement le 15 juillet.

Les dirigeants de l’État ont appelé le peuple à descendre dans la rue pour manifester contre le soulèvement. Les putschistes ont tiré sur les manifestants dans plusieurs lieux, notamment sur le pont du Bosphore à Istanbul. Les manifestations continuent depuis cette date.

De même plusieurs bâtiments ont été bombardés, dont le siège du Parlement et la Police d’Ankara.

La tentative a été déjouée et plusieurs fonctionnaires publics, dirigeants, membres du système judiciaire ont été limogés et suspendus de leurs fonctions dans le cadre des enquêtes menées.